Hier, dans la matinée, nous nous sommes rendus à la Coordination du PSPSDN. Le chargé de la sécurité du programme, le Colonel Traoré, a confirmé que «l’incident avait bel et bien eu lieu». «Certains parlent d’AQMI, d’autres de bandits armés. Mais, tous comptes faits, nous avons bien reçu l’information et je crois que certaines actions seront mise en œuvre pour que le chantier continue» a ajouté le Colonel. Et, si des «actions sont mises en œuvres», elles devront tout d’abord concerner la sécurisation des chantiers.
Sur ce point, nous avons eu l’impression de nager dans le flou. Et pour cause! Le Colonel Traoré du PSPSDN nous a expliqué, à sa façon, que «les décisions d’envoyer des éléments des forces armées sur le terrain reviennent à l’Etat-major des forces armées, avec qui le programme entretient une franche collaboration». C’est fort de cela qu’il nous a recommandé de nous informer auprès de la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA). A la DIRPA, le Colonel Diaran Koné nous a clairement fait savoir «qu’il n’avait aucune information sur le sujet». A son tour, il nous a renvoyé auprès du service communication du ministère de la Défense.
Notre confrère, Nouhoum Togo, n’y est pas allé par quatre chemins: «Le PSPSDN est une structure autonome, qui comporte toutes les divisions. C’est au programme de vous informer sur tout ce qui se passe sur le terrain, d’autant plus que nous ne sommes pas impliqués dans leur gestion». No comment! Ceci dit, nous avons tenté de joindre le Coordinateur du PSPSDN, Mohamed Ag Erlaf qui, nous a-t-on dit, est en mission.
Le dernier interlocuteur sur qui nous nous sommes rabattus est le Préfet d’Abéïbara, avec résidence à Kidal. Ce dernier, la mort dans l’âme, nous a confié que «toutes les entreprises ont quitté Abéïbara. C’est dommage, mais c’est comme cela. On ne peut pas faire autrement» a-t-il ajouté, d’un ton sec.
Avec ce nouvel incident et le départ des entreprises, c’est tout la machine PSPSDN qui s’arrête dans ce Cercle, où le programme avait un calendrier bien rempli pour réaliser plusieurs logements pour un régiment militaire, une Compagnie de la Garde nationale et une Brigade de la Gendarmerie. Les autres réalisations devaient porter sur un marché et une aire de vaccination pour le bétail, une banque de céréales, un barrage de retenue d’eau, la rénovation des locaux du Cercle et la clôture de l’école. Le coût de l’ensemble des travaux étant estimé à 1,6 milliard de FCFA.
Il faut rappeler qu’en octobre dernier c’était le petit aérodrome qui avait été dynamité par des inconnus, sans trop de dégâts (quelques tôles envolées, deux piliers extérieurs en béton endommagés…). Contrairement à ce que plusieurs personnes avaient soutenu, ce n’était pas un chantier du PSPSDN.
Forces armées et de sécurité: un must à Abéïbara
Créer une base militaire à Abeïbara est un impératif pour le Mali. Pour ceux qui ne le savent pas, Abéïbara est une sorte de rond-point naturel, entouré de localités comme Boghassa, Tinzawatène, Tessalit, Adiel Hoc et Kidal dans un rayon d’environ 150 km. Il est situé dans l’Adrar des Iforas et est une véritable tour de contrôle pour les trafiquants de tous acabits. Ce sont ces groupuscules de bandits qui veulent régner en maîtres sur les quelques 7 500 km² du Cercle et prendre en otage la population, qui dépasse à peine 4 000 âmes.
Espérons que ce deuxième accrochage sera le dernier et que les plus hautes autorités prendront les mesures qui s’imposent pour que le PSPSDN mène à bien les différentes missions qui lui sont confiées. Ces derniers temps, le Président de la République, Amadou Toumani, a lancé des messages forts en ce qui concerne la lutte contre le banditisme, la défense du territoire… Il a, de tous les temps, appelé à la coopération et à la lutte transfrontalière pour éradiquer les différents fléaux. Il est temps qu’il agisse à l’interne de façon rigoureuse et pragmatique. Car même la fameuse communauté internationale ne pourra plus accuser le Mali de ne pas avoir, jusque-là, prôné le dialogue.
Paul Mben
Le 22 Septembre 08/12/2011