Les travailleurs de l’Ortm sont en grève de 72 heures depuis le mercredi 27 janvier 2016. Ladite grève prendra fin ce vendredi 29 janvier 2016 à minuit. Cette grève fait suite à des négociations rompues entre le Comité syndical de l’Ortm dirigé par Abdrahamane Hinfa Touré et le ministère de l’Economie Numérique, de l’Information et de la Communication, piloté par Choguel Kokala Maïga, Porte-parole du Gouvernement. Parmi les huit points de revendications figurent l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’Ortm, l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration de l’ORTM; l’indemnisation des agents de l’Ortm pour le préjudice subi lors du coup d’Etat du 22 mars 2012.
Dans une interview qu’il nous a accordé hier jeudi 28 janvier 2016 au siège de l’Ortm sis à Bozola, le secrétaire général du comité syndical de l’Ortm, Abdrahamane Hinfa Touré non moins secrétaire administratif de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) a fait savoir que le syndicat continuera à se battre jusqu’au dernier souffle pour avoir gain de cause. Lisez !
Le Républicain : Quelle évaluation à mi-parcours faites vous de cette grève de 72 heures ?
Abdrahamane Hinfa Touré : La grève est très bien suivie par les travailleurs de l’Ortm partout où nous sommes de Kayes à Kidal. A Bamako, le service minimum que nous observons est entrain de se passer comme nous l’avons voulu. Le contact avec le monde de la communication continu. Les contacts avec la population continue aussi. Il y a des gens qui appellent pour se renseigner. Les gens appellent pour comprendre ce qui ne va pas et nous le leur expliquons. Et à travers le monde de la communication également, nous avons essayé de nous expliquer et de nous faire comprendre auprès de la population. Donc, en résumé, la grève a été bien suivie.
Quel est l’impact de cette grève sur les radios internationales (RFI, BBC…) qui émettent en bande FM ?
Nous coupons ces radios partenaires chaque fois que nous arrivons au terme des prévisions d’émissions. La nuit, à 22 heures, nous les coupons et à midi nous les remettons. Pensant à notre population, nous avons préféré laisser émettre ces media partenaires, pendant 10 heures de temps sur 24 heures. Et c’est ce qui a aussi permi à beaucoup de comprendre qu’il y a quelque chose qui n’allait pas à l’Ortm. Certains ont pensé que leur radio était en panne, d’autres ont appelé pour savoir ce qui ne va pas. C’est là qu’ils ont compris que l’Ortm est en grève et que ces radios (Ndlr RFI, BBC…) là dépendent aussi de nous.
Le gouvernement est-il disposé à satisfaire vos revendications ?
Depuis que la grève a commencé, nous avons négocié avec le gouvernement les 21, 22, 25 et 26 janvier. Depuis que la grève a été déclenchée, le gouvernement ne nous a pas appelés et nous avions pensé qu’il allait faire en sorte que la grève s’arrête à mi chemin, mais il ne l’a pas fait encore. Ce n’est pas encore leur problème, mais nous tenons à nos revendications et nous allons nous battre jusqu’au dernier souffle pour avoir ce que nous voulons.
A combien se chiffrent respectivement ces revendications ?
Ce ne sont pas des revendications d’ordre financier en réalité, c’est plutôt des revendications techniques qui se rapportent à la vie de l’entreprise parce que nous avions dit que les entités créées doivent évoluer dans un même statut pour leur permettre de s’assister dans au moins trois ou cinq ans pour voir si la SMTD (Société Malienne de Transmission) qui est la nouvelle société d’édition créée, peut supporter ses charges, d’autant plus que selon les prévisions du gouvernement, c’est une société de 10 milliards de capital, mais qui ne dispose que d’un milliard. Et en principe ce sont nos agents qui doivent être les premiers à animer cette société.
Est ce que les salaires, les primes et les transports seront assurés ? Est ce que toute la garantie matérielle est là pour permettre à nos agents de vivre dans les bonnes conditions ? C’est pourquoi nous avions souhaité que la SMTD évolue dans le même statut que l’Ortm pendant un certain temps. Les deux entités allaient s’assister mutuellement et à une période donnée, on évalue pour voir si chacune d’elles peut se prendre en charge. Dans ses revendications, la seule partie financière qui existe dedans est le fait que le budget de l’Ortm avait été coupé en 2012 à cause du coup d’Etat et nous avons demandé à le remettre à son niveau d’antan.
A l’époque, la subvention était à 9 milliards de FCFA, le budget d’investissement spécial était à 900 millions de FCFA et nous recevons le tiers de cette somme. La subvention est à 4 milliards de moins, et nous n’avons plus que 5 milliards. Nous avons demandé à remettre la subvention aussi bien que le budget spécial d’investissement à leur niveau d’avant. Voici le caractère financier des revendications.
Votre mot de la fin ?
Nous profitons de vos colonnes pour présenter toutes nos excuses à la population. Ça nous tient à cœur. La grève n’est pas une volonté délibérée. Nous avons été contraints d’aller à cette grève, après celle des 22 et 23 décembre.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo