Le gouvernement a décidé du retrait du Mali de tous les organes et instances du G5 Sahel y compris sa Force conjointe dans un communiqué en date du 15 mai 2022. Dans un entretien accordé hier à la presse, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale explique les faits qui ont conduit le gouvernement à prendre cette décision
Pour le ministre Diop, le Mali n’a pas eu d’autre choix. Il a rappelé qu’en février 2021 s’est tenue à N’Djamena, la conférence des chefs d’État du G5 Sahel à l’issue de laquelle, il a été décidé d’organiser le prochain sommet (février 2022) à Bamako pour que le Mali assume la présidence conformément à la pratique de l’organisation basée sur une présidence tournante.
«Nous savions déjà bien avant le mois de février 2022 qu’il y avait des manœuvres et des tentatives de certains pays pour empêcher que le Mali puisse assumer la présidence. Nous sommes restés sereins jusqu’au mois de février et le Mali n’a pas eu d’indication par rapport à sa présidence », explique le ministre Diop.
Face à cette situation, le président de la Transition a écrit une première correspondance à son homologue tchadien pour lui rappeler cette décision et lui exprimer la volonté et la disponibilité du Mali à assumer sa présidence et à accueillir le sommet.
D’après Abdoulaye Diop, le chef de l’état a écrit une deuxième lettre car les réponses données n’étaient pas satisfaisantes. Dans une troisième lettre, le président Goïta a indiqué qu’il était important et impérieux que la décision soit prise pour que le Mali assume la présidence conformément aux textes du G5 Sahel.
Mieux, il a précisé dans cette lettre que s’il n’y avait pas d’évolution substantielle pour que le Mali assume cette présidence, notre pays n’aura d’autre choix que de suspendre sa participation de tous les organes et instances de l’organisation. Pour Abdoulaye Diop, les autorités maliennes avaient donné la date du 15 mai pour prendre cette décision. Ce délai étant arrivé à terme, le Mali qui n’a pas eu de réponse ne pouvait que s’assumer. Le ministre a précisé que c’est une organisation basée sur des textes. Toutefois, il déplore que les textes et les décisions prises ne soient pas observés. Le pire, selon le chef de la diplomatie malienne, est que la base sur laquelle, le Mali est empêché d’assumer la présidence ne tient pas, car certains mettent en avant sa situation politique interne avec la Transition en place. Et Abdoulaye Diop de souligner qu’aucun texte du G5 Sahel n’est basé sur des considérations politiques ou lié à des évolutions politiques à l’intérieur d’un pays.
TIRER LES FICELLES-Mieux, il dira que le Tchad qui assume la présidence est conduit par une Transition comme au Mali. Également, il a tenu à préciser qu’aucun texte de l’organisation ne vise cela et ne prévoit qu’elle puisse endosser ou entériner des décisions car certains ont demandé que le G5 Sahel applique les décisions adoptées par la Cedeao et l’Uemoa.
Pour le chef de la diplomatie malienne, le pire est que c’est un état non membre du G5 Sahel et extra-régional qui tire les ficelles et qui a mis un veto pour que le Mali ne puisse pas assumer la présidence du G5 Sahel. « Nous trouvons que c’est une instrumentalisation et une ingérence inacceptables. Le Mali doit en tirer toutes les conséquences parce qu’il est état membre et paye près de 400 millions de Fcfa de contribution annuelle », a souligné le ministre Diop.
À la question de savoir si ce n’est pas un risque pour le Mali de quitter cette organisation dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, Abdoulaye Diop répond par la négative. Selon lui, notre pays est en mesure de continuer à assurer sa securité. Pour lui, le G5 Sahel avait un rôle qu’il n’a pas pu jouer entièrement. « Le Mali est parti parce que nous pensons que les principes cardinaux ne sont pas respectés », fait savoir Abdoulaye Diop. Pour lui, le Mali quitte le G5 Sahel car « ce cadre régional ne nous permet plus de travailler mais il maintient ses relations amicales, de fraternité et de coopération avec la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ». Mieux, il œuvrera avec chacun de ces pays dans le cadre bilatéral ou dans d’autres cadres appropriés pour travailler sur les questions de développement, de coopération, d’intégration comme sur des questions de sécurité.
Le ministre Diop rassure les Maliens qu’il n’y a pas de vide particulier que le G5 Sahel laisse sur le terrain. Selon lui, le travail qui doit être fait est en train de l’être par les Forces de défense et de sécurité du Mali. Aussi, il assure que nos Forces de défense et de sécurité ont aujourd’hui des moyens pour pouvoir sécuriser notre territoire national et prendre en charge les différents mécanismes de protection des populations.
Source : L’Essor