«Le vendredi 30 décembre 2011, vers 4 heures du matin, à In Halil, deux pick-up, à bord desquels se trouvaient des éléments non encore identifiés, ont chassé les travailleurs, qui se trouvaient sur les chantiers, et ont, avec des dynamites, fait sauter plusieurs bâtiments. Pour le moment, nous ne pouvons pas exactement dire de quelles personnes il s’agit. Mais nous nous efforçons de rester sur le terrain afin de continuer les travaux». Ces mots sont du Commandant Macalou, chargé à la communication du PSPSDN, que nous avons rencontré en milieu de semaine dernière.
Même si le Commandant n’a pas voulu nous le confesser – puisqu’il a un devoir de réserve – nous avons senti à travers ses propos une certaine gêne. La gêne de ne pas pouvoir changer le cours des choses. La gêne de ne pas pouvoir envoyer des éléments sur le terrain, afin qu’ils sécurisent la construction des différents chantiers. Enfin, la gêne de constater une certaine passivité des autorités militaires face aux différents actes de sabotages auxquels se livrent, comme beaucoup le soutiennent à Kidal, les Islamistes.
Très vite, nous nous sommes, une fois de plus, rendus au ministère de la Défense, pour élucider ce qu’on doit désormais appeler un «mystère». A défaut du Chef d’État-major Général des Armées, le Général Gabriel Poudiougou, nous sommes tournés vers notre confrère Nouhoum Togo. Il nous a fait savoir que «le PSPSDN est autonome et dispose, en son sein, d’une composante sécurité qui doit s’occuper des questions de sécurisation des chantiers». A la question de savoir si le chargé des questions sécuritaire du PSPSDN ou le Coordinateur avait la possibilité de dépêcher des éléments sur le terrain, notre confrère nous a donné «sa réponse»: «Au départ, il fallait que les ministères concernés par ce programme soient associés aux différentes étapes de mise en œuvre. Cela n’a pas été fait. De plus, le Coordinateur du PSPSDN n’a pas encore pris l’initiative de rencontrer le Chef d’État-major Général des Armées pour qu’il discutent de la question cartes sur table».
Nouhoum Togo a, en outre, soulevé des questions relatives aux cadres militaires qui travaillent au PSPSDN et qui ne relèvent pas de l’État-major, aux différents comptes-rendus qui devraient être transmis aux ministères de la Défense et de la Sécurité Intérieure, etc… Bref, des aspects qui ont fait baisser les bras à la hiérarchie militaire. Il est vrai que notre confrère occupe un poste politique au sein du ministère de la Défense. Mais, à décortiquer ses propos, on comprend rapidement ce que le Bamanan dit: «Tout ce qui vient du petit balafon a été inculqué par le grand».
En somme, tant que le Coordinateur du PSPSDN, Mohamed Ag Erlaf, n’aura pas rencontré le Chef d’État-major Général des Armées, le Général Gabriel Poudiougou, ou plutôt tant que le PSPSDN «n’impliquera pas les porteurs d’uniformes», les chantiers continueront à sauter. Certains trouveront notre conclusion hâtive, mais les faits sont là et parlent d’eux-mêmes.
Outre le dernier chantier dynamité à In Halil, le PSPSDN a de sérieuses difficultés à Abéïbara. Même les élus locaux, qui ont voulu mettre tout leur poids dans la balance, ont vu leurs propositions être rejetées par les plus radicaux des Islamistes qui résident dans cette localité. Pour l’instant, le PSPSDN ne compte que sur des éléments formés par la France, qui se trouvent en stand by dans la ville de Kidal, les véhicules achetés par le Programme n’étant pas encore réceptionnés. On peut donc aisément comprendre que «les nombreuses patrouilles qui sillonnent toute la région de Kidal n’ont pas reçu d’instructions», comme nous l’a confirmé un haut gradé du Nord.
En tout état de cause, et au-delà de toutes les petites querelles d’ego, il faut retenir que le PSPSDN est un programme de l’Etat et doit bénéficier de toutes les mesures sécuritaires pour sa bonne marche. Le Président de la République, Chef Suprême des Armées, prendra, espérons-le, une décision salvatrice, afin que le programme se poursuive dans de meilleures conditions.
Paul Mben
Le 22 Septembre 09/01/2012