Dans une tribune intitulée : « Le Nord du Mali, un enjeu régional », l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, non moins vice-président de l’ADEMA-PASJ, Dramane Dembélé, alerte l’opinion nationale sur les tractations qui sont cours pour faire main-basse sur les richesses minières du Nord du Mali. Une zone à fort potentiel minier toujours vanté, mais jamais pris à bras-le-corps par le Mali, au point d’aiguiser aujourd’hui des intérêts de la part de certains partenaires étrangers à la manœuvre, mais sans nous… Lisez plutôt !
Aujourd’hui avec le méga projet de gazoduc transafricain qui prendra racine au Nigeria et débouchant sur la Méditerranée via le Niger, puis l’Algérie pour aller chauffer l’Europe, le Mali peut et doit y prendre part à moins que cela soit l’éternel rhétorique: le Mali, pays des occasions ratées.
Au Nord du Mali, si nous n’avons rien, nous aurions du gaz dont les ressources inférées sont estimées à quelques milliers de milliards de mètres cubes. Malgré tous les indices probants de maturité en gaz, pourquoi le pays n’arrive-t-il pas à forer ? Certainement en interrogeant les stratèges en reconstitution des réserves stratégiques, nous aurions un début de réponse.
Il se trouve que l’Algérie serait en difficulté économique avec la baisse accélérée de sa production d’hydrocarbures amorcé depuis 2006 (-20%). Alors que ce secteur représente 30% de son PIB, 97% de ses exportations et près de 70% de ses recettes fiscales. En même temps, la pression de sa consommation nationale doublerait à l’horizon 2030, dans 15 ans au plus.
À horizon 2040, sa production gazière serait de 100 milliards de m3 alors que sa consommation nationale pour produire de l’énergie pour ses 60 millions d’habitants va brûler 60 milliards de m3. Cela impactera fortement ses recettes d’exportations. L’alternative en gaz de schiste est énorme dont l’exploitation aura des impacts environnementaux néfastes incommensurables.
Alors, pourquoi ne pas consolider nos gisements transfrontaliers ? Cela permettra du coup une mutualisation de nos efforts de sécurisation de la mobilité des personnes et des biens.
« En 2001, durant 2 ans, j’ai assuré le rôle de chef géologue de la mission de cartographie et d’inventaires miniers dans l’Adrar des Iforas. Aujourd’hui, il est établi que la zone de Tessalit et Boureissa sont des points géostratégiques pour observer tout le bassin méditerranéen » a indiqué monsieur Dembélé.
Alors allez comprendre pourquoi Américains et Français convoitent tant cet espace géostratégique dans un environnement international si belliqueux?
Du fait colonial couplé à l’opération de sauvetage du Mali à partir du 11 janvier 2013, le Mali doit sans complexe à la France et doit assumer l’accord de coopération militaire.
En revanche, la France doit intérioriser que nous sommes adultes et cernons les enjeux de l’espace. Cependant, l’ancien ministre assure qu’il a l’impression que la France est dans la sous-traitance locale. Est-ce une appréciation de notre faible capacité ou une culture du mépris?
À suivre : le Nord du Mali, un enjeu local
Dramane Dembélé, Ingénieur Géologue
Consultant indépendant-secteur minier