Le Mouvement démocratique comme il se veut garant de la démocratie dans notre pays, s’est emparé du débat sur la réforme constitutionnelle en cours dans notre pays .C’est à travers une conférence-débat organisée samedi dernier à la Pyramide du Souvenir qu’il s’est exprimé pour la première fois sur les reformes constitutionnelles préconisées par la commission Daba Diawara. Deux éminents juristes ont animé cet échange : le magistrat Daniel Tessougué et Mamadou Diallo, conseiller technique au ministère chargé des relations avec les institutions. Le premier s’est littéralement pris au président ATT en dénonçant “la gestion du fonds issu de la vente de la Sotelma, la corruption du régime, la faiblesse de l’Etat et surtout le culte de la personnalité du chef de l’Etat”. Par contre, le second a plutôt souligné “les efforts consentis par les autorités même si Beaucoup reste à faire”.
Quant à certains politiques comme le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, il s’est violemment attaqué à ATT. Il a critiqué le culte de la personnalité autour du chef de l’Etat qui fait que “tout est fait par lui et pour lui”. L’ancien Premier ministre de Sébénicoro a laissé entendre qu’il n’apprécie pas le fait qu’on assimile les réalisations du régime à une sorte d’aumône qu’Amadou Toumani Touré fait au peuple malien alors que lesdites réalisations sont faites avec l’argent du même contribuable malien.
Pour l’ancienne ministre des affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow, “tous les partis politiques au Mali ont été victimes d’ATT”. Elle a exprimé son indignation par rapport à la mode désignation des représentants des partis au gouvernement. « Certes, ce sont des militants des partis politiques, mais ce ne sont pas les individus désignés », a-t-elle rappelé. Avant de prévenir que l’Adéma/association qu’elle préside, ne sera pas d’accord avec ATT s’il tente de faire passer les reformes envisagées sans un débat de fond. « Il faut donner le temps au peuple de débattre au fond ces propositions de reformes » a-t-elle demandé avant de mettre en garde qu’ « Un seul homme au centre de tout, c’est extrêmement dangereux quelque soit la valeur de la personne ».
De son côté, le président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton), Me Mountaga Tall s’est pour sa part prononcé contre certaines propositions faites par la commission Daba notamment celle qui charge le président de la République d’élaborer la politique du gouvernement. Une aberration pour Me Tall qui explique que dans un régime comme le nôtre où c’est le Premier ministre qui est responsable devant la représentation nationale (Assemblée nationale) et non le chef de l’Etat. « Dans de telles conditions, comment voulez-vous que le premier ministre vienne défendre quelque chose devant les députés dont il n’est pas responsable. Parce que l’Assemblée peut voter contre le chef du gouvernement et l’amener à démissionner, ce qui n’est pas faisable avec le président de la République ! », S’est étonné l’élu de Ségou.
Il n’a pas manqué d’attirer l’attention du public sur la nécessité d’instaurer la suppléance à l’Assemblée nationale. « J’ai vu des cadres qui ont refusé de participer aux élections législatives tout simplement parce qu’ils voulaient devenir des ministres. Ceux-ci se disent qu’étant député, on ne peut plus prétendre au gouvernement. On doit revoir cette situation pour permettre à un député de participer à l’exécutif si on le lui demande. D’ailleurs, un ministre qui a mandat électif n’est-il pas plus légitime que celui qui a été nommé par affinité ? », a interrogé le président du CNID avant de rappeler que le statut de l’opposition et l’Agence générale des élections recommandés par la commission Daba, sont des propositions qu’il a eu à faire depuis les années 1994.
Avec les critiques attendues samedi dernier à la Pyramide du souvenir, on peut dire que les hostilités ne tarderont pas à être ouvertes
.Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 10/01/2011