À Paris, le destin partagé des Corses de la diaspora

Chaque année, de nombreux Corses quittent leur île à destination de la capitale pour de multiples raisons. Crève-cœur pour certains, libération pour d’autres : comment les insulaires s’adaptent-ils à leur nouvelle vie loin de leur île ?

Quitter la Corse pour Paris, un sempiternel sujet qui traverse les décennies. Franchir le cap pour rejoindre une agglomération de plus de dix millions d’habitants dans un environnement qui peut vite donner le tournis.

Jacques-Antoine habite dans la capitale depuis 2016. Ce producteur bastiais de 27 ans résume son arrivée à Paris « comme un voyage Erasmus. » Il y décrit « une culture totalement différente de la Corse où il faut partager l’addition pour payer les cafés. » Malgré cette plongée dans le grand bain parisien, l’acclimatation s’est faite rapidement : « J’ai eu la chance d’arriver avec un grand groupe d’amis, ce qui a facilité les choses. »

 « On m’a proposé un poste plus intéressant à Paris »

Au-delà des affinités, Paris apparaît comme une évidence afin de poursuivre ses études ou le métier de ses rêves. « Le prestige de l’université où je suis à Panthéon-Assas est incomparable », avance Marzia, étudiante en droit de 20 ans, originaire du Fiumorbu. Même son de cloche pour Julien, 29 ans. À sa sortie du centre de formation de l’AC Ajaccio, le footballeur bastiais s’est tourné vers la finance : « Après mes études à Corte et un poste dans une banque à Propriano, on m’a proposé un poste plus intéressant à Paris. » Bien que sa compagne soit déjà installée dans la capitale, la première année s’est avérée très compliquée : « J’ai même pensé à revenir en Corse, souligne-t-il. Ici, les gens ne prennent pas le temps d’apprendre à se connaître. »

Le manque d’interactions sociales est le facteur principal du mal du pays des Corses à Paris. Ajoutez à cela une météo où le soleil se fait rare ainsi qu’un environnement perçu comme « anxiogène », et le séjour parisien peut virer au calvaire. « J’arrivais de Bastia le dimanche soir et je rentrais le vendredi après-midi, je ne voulais même pas passer les week-ends à Paris », se souvient Lisandra, 23 ans, alors étudiante en finance lors de sa première année. Elle dépeint ses années de Master comme étant « une immense source d’angoisse. » Aucune vie sociale : « Je ne me sentais pas à ma place. »

« Ce besoin de se rassembler de temps en temps entre nous »

Comment trouver alors un point d’accroche dans cette grande cité jugée si froide par bon nombre d’insulaires ? Des structures existent dans la Ville Lumière où la diaspora corse est immense. « Par le biais de notre site internet, nous voulons que les Corses entrent en contact entre eux », précise Thomas Linale, président de l’association Corsica Diaspora. « L’objectif est que tout le monde puisse être au courant des événements en lien avec la Corse et avoir des opportunités de stage, d’emploi hors de l’île.

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