« Tant qu’il restera des Américains au chômage, notre travail ne sera pas terminé », a lancé lundi M. Obama devant 18.000 personnes préalablement réchauffées par le chanteur Bruce Springsteen à Madison, dans le Wisconsin (nord). « Nous avons réalisé beaucoup de progrès en quatre ans, mais la raison pour laquelle nous sommes réunis, en dehors d’écouter Bruce Springsteen, est que nous savons qu’il reste encore du travail », a ajouté le président. M. Obama a pris à témoin le chanteur pour justifier son programme de hausse des impôts pour les ménages les plus aisés: « Je n’ai pas parlé à Bruce, mais je sais qu’il peut se le permettre. Je peux me le permettre. M. Romney peut se le permettre ». Avant le discours du candidat, Bruce Springsteen a raconté à la foule avoir « fait campagne pour le président il y a quatre ans, et depuis il s’est mis dans la tête qu’on était copains. Depuis, parfois, mon téléphone sonne vers deux ou trois heures du matin ».
« Tout le monde se souvient avec romantisme de la dernière campagne, des affiches, du bon esprit », a reconnu le président, mais « les forces du statu quo se sont opposées à nous à chaque étape », s’est-il justifié. Plus tard, c’est le chanteur de hip-hop Jay-Z qui a excité la foule en reprenant l’un de ses tubes en l’honneur du président à Columbus, dans l’Ohio –mais en en modifiant les paroles. « Si tu as des problèmes internationaux, tant pis pour toi, j’ai 99 problèmes mais Mitt n’en est pas un », a-t-il chanté, au lieu de « si tu as des problèmes de filles, tant pis pour toi, j’ai 99 problèmes, mais une +salope+ n’en est pas un ». Des problèmes dans certains bureaux de vote de Floride (sud-est) et de l’Ohio (nord) pourraient menacer, par endroits, le bon déroulement du scrutin.
Les sondages révèlent un pays plus divisé que jamais, y compris dans ces Etats auxquels les deux hommes ont réservé l’exclusivité de leurs derniers déplacements. Les deux camps sont convaincus que l’élection se jouera à seulement quelques centaines de milliers de voix, récoltées grâce aux millions de visites de porte-à-porte et de coups de téléphone passés par les bénévoles des deux camps. « Allons-nous être bientôt voisins? » Mais les longues files d’attente observées devant les bureaux de vote anticipé de Floride et les plaintes du parti démocrate déposées ce week-end à Miami pour étendre les horaires de cette procédure de vote laissaient présager un scrutin agité, chaque camp semblant prêt à porter la bataille sur le plan judiciaire en cas de doute sur les résultats.
Avocats démocrates et républicains surveillaient aussi de près les bureaux de l’Ohio, où des associations contestaient les critères de validité des bulletins « provisoires » qui ne seront dépouillés qu’à partir du 17 novembre. Les électeurs qui, par exemple, ne présentent pas de preuve d’identité ou votent dans le mauvais bureau de vote, doivent utiliser cette procédure.
Après un week-end infernal, MM. Obama et Romney se sont croisés lundi dans les airs et même à quelques heures près à Columbus, capitale de l’Etat-clé de l’Ohio. Après le Wisconsin et l’Ohio, le président devait se rendre dans l’Iowa avant de rejoindre Chicago dans l’Illinois (nord) avec son épouse Michelle, où il attendra les résultats mardi soir. M. Romney devait faire étape lundi dans quatre de ces Etats, en Floride, en Virginie (est), dans l’Ohio et finalement dans le New Hampshire (nord-est).
Mardi il votera à Belmont (Massachusetts, nord-est), puis se déplacera dans l’Ohio et la Pennsylvanie (est) avant une soirée électorale à Boston. Imprimé sur de grandes affiches à ses réunions publiques, « le vrai changement dès le premier jour » résume le message final de M. Romney. « Presque toutes les mesures prises par le président ont rendu la reprise économique plus difficile », a-t-il déclaré lundi matin après une courte nuit à Orlando, en Floride. « Le président a promis le changement, mais il n’a pas su le réaliser.
Non seulement je vous promets le changement, mais je l’ai déjà fait dans le passé », a ajouté l’ancien gouverneur du Massachusetts, où les deux assemblées locales sont traditionnellement démocrates. « Je vous demande de continuer jusqu’à la victoire mardi soir! » a-t-il conclu, sous les cris de « Plus qu’un jour! ». En Virginie, à quelques kilomètres de Washington et de la Maison Blanche, son épouse Ann a lancé aux supporters: « Allons-nous être bientôt voisins? »
Le Nouvel Observateur Créé le 05-11-2012 à 09h10 – Mis à jour à 23h25