Tâtonnement, saupoudrage, pilotage à vue, incohérence, sont les caractéristiques principales du régime transitoire au Mali.
A un an de la présidentielle de mars 2022, hormis une rencontre entre le Premier Ministre Moctar Ouane et la classe politique, aucune action concrète n’a, pour l’instant, été posée allant dans le sens de la tenue de la présidentielle à date prévue.
Tous les voyants sont au rouge au Mali, la crise sécuritaire va crescendo, la crise socioéconomique bat de l’aile, plongeant la majeur partie du peuple dans une précarité extrême, la crise politique est latente.
Cette dernière engendrera une bombe dont la déflagration n’est qu’une question de mois.
Il y a vraiment péril en la demeure, donc le Président Bah N’Daw, le vice-président Assimi Goita et le Premier Ministre Moctar Ouane, les trois têtes de proue de la transition, vont-ils enfin revoir leurs copies afin d’éviter une situation chaotique ?
Ne s’achemine-t-on pas vers une prolongation de la transition avec en toile de fond l’élargissement de ses organes à la classe politique ?
Depuis l’avènement de la junte militaire du colonel Assimi Goita au pouvoir, un 18 Août 2020, le pays ne fait que s’embourber dans les crises, faisant du Mali un pays en crise multidimensionnelle permanente.
Et pourtant, cette situation ne semble nullement émouvoir les nouveaux maîtres du Mali, en l’occurrence les membres de la junte, qui continuent gaillardement à faire la promotion de leurs frères d’armes à des postes administratifs, alors même qu’il y a un besoin accru d’hommes sur le terrain.
Comme si cela ne suffisait pas, Assimi Goita et ses compagnons d’infortune ont pris en otage tous les organes de la transition empêchant le Président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane de travailler, comme s’ils ont en arrière-plan la volonté d’aller au-delà du délai imparti.
Les élections générales prévues dans douze petits mois, n’ont pas fait l’objet de discussions sérieuses entre la classe politique et le gouvernement. La seule rencontre véritable qui a eu lieu entre les deux parties n’a pas permis de faire bouger les lignes, car la proposition de la classe politique, relative à la création d’un organe unique de gestion des élections a été rejetée par le gouvernement au motif que le délai est très court.
Au même moment, c’est un Plan d’actions gouvernemental, PAG, de 26 pages qui a été égrené par le PM devant le Conseil National de la Transition, CNT.
La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités de la transition mesurent réellement la gravité des crises auxquelles le Mali fait face.
Leurs comportements frisent l’insouciance et entraineront inéluctablement le pays dans un abîme.
Elles doivent revoir rapidement leurs copies afin d’impliquer le plus largement possible toutes les intelligences et particulièrement la classe politique pour qui le titanesque travail est en train d’être fait.
C’est à ce prix que l’on pourrait sauver ce qui peut l’être encore et probablement une légère prolongation de la transition serait envisageable afin de doter le pays des lois et d’institutions fortes qui permettront d’élire un président ne souffrant d’aucune légitimité au terme de la transition.
En somme, le pays est dans une impasse terrible, les autorités ne peuvent plus se donner le luxe de continuer dans un aveuglement sordide, elles doivent voir la réalité en face et parer au plus pressé afin d’éviter des scénarii catastrophiques, qu’à Dieu ne plaise.
Youssouf Sissoko