3 questions au probable candidat de la ruche
La présentation des vœux du Président de l’ADEMA-PASJ, le Pr Tiémoko Sangaré, à la Presse qui devait être l’occasion de lever toute équivoque quant à la candidature à l’interne du parti aux élections présidentielles de 2018, a laissé plus d’un évasif. Le suspense demeure toujours autour de la lancinante question si OUI ou NON, l’Adéma présentera-t-il un candidat, et Dioncounda Traoré en premier ? Certains militants semblent avoir déjà tranché par l’affirmative et miseraient désormais sur l’ancien Président de la Transition jugé le seul à même de rassembler et de remporter une élection face à un RPM qui ne renonce pas à présenter son président sortant. La question est maintenant de savoir si Dioncounda Traoré acceptera d’aller au charbon ? Dans l’hypothèse qu’il accepterait de porter à nouveau le brassard des Abeilles. Voici 3 questions que l’on ne peut s’empêcher de poser au candidat de l’ADEMA :
Première question : Si le Pr Dioncounda Traoré venait à être investi candidat de l’ADEMA, pourrait-il se démarquer du bilan d’IBK, alors que son parti est membre de la Mouvance présidentielle ? Il y a deux hypothèses possibles. En se démarquant du bilan des cinq ans de gestion de son camarade de l’International Socialiste, il risquerait de ne pas avoir le soutien des cadres de l’Adéma dans le gouvernement ayant pris une part active dans la gestion du quinquennat dont notamment Tièmogo Sangaré, Dramane Dembélé, AbdelKarim Konaté, Moustapha Dicko, Cheickna Seydi Hamady Diawara, Abdoulaye Diop ou même de Barthélémy Togo. Seconde hypothèse. En assumant la part de l’ADEMA, il risquerait d’être frappé du même bâton qu’IBK à qui on reproche une gestion chaotique du pays aggravée par l’esprit de revanche que pourraient avoir à tort les victimes des opérations courageuses d’Amy Kane.
Deuxième question : Comment pourra-t-il fédérer les différents clans aux intérêts souvent antagoniques au sein de l’ADEMA ? Nul n’ignore qu’à l’ADEMA il y a au moins trois clans qui se regardent souvent en chiens de faïence.
Le premier clan est celui de l’ancien candidat du parti en 2013, Dramane Dembélé alias Dra. Bien qu’il soit affaibli par sa sortie du gouvernement suite au dernier remaniement, il n’aurait pas renoncé à son ambition présidentielle. Et pour avoir arrosé de marchés des logements sociaux certains cadres du parti et fait la promotion d’autres pendant qu’il était encore ministre, Dramane Dembélé pourrait voir son retour de l’ascenseur par le soutien de ces camarades, en s’opposant à la candidature de son ancien mentor Dioncounda Traoré, pour avoir leur confiance en 2018.
Le deuxième clan est celui du ministre du commerce Abdel Karim Konaté, alias Ampé. Proche parmi les proches d’IBK, Ampé soutiendrait difficilement Dioncounda Traoré si IBK est candidat, à qui il doit aujourd’hui son maintien au gouvernement, sauf s’il se voyait remercier du gouvernement avant l’ouverture de la campagne et surtout quand il n’aurait pas la certitude que la carte Dioncounda serait gagnante.
Le troisième clan est celui du Président du parti, le Pr Tièmoko Sangaré. En dépit d’être un fidèle parmi les fidèles de Dioncounda Traoré, le Président du parti et non moins ministre des mines, pourrait réfléchir par 7 fois avant de prendre la décision de sortir du gouvernement pour soutenir le candidat Dioncounda Traoré. Surtout après sa traversée du désert où son poste de ministre s’est arraché après une longue attente.
Troisième question : le candidat Dioncounda Traoré pourra-t-il ratissez large au sein de son parti quand on sait qu’ils sont nombreux les militants et les cadres qui lui reprochent de n’avoir pas géré le pays sous la Transition avec le parti ? Sa gestion de la Transition n’a pas été des plus « militante » pour bon nombre de cadres et militants de l’ADEMA. Au lieu de renforcer le parti, il l’aurait plutôt affaibli en réservant la part belle à la junte d’Amadou Haya Sanogo. Ils sont également nombreux les militants qui doutent de sa capacité physique compte tenu de son âge très avancé à assumer les énormes charges de la République et surtout pour opérer les changements auxquels aspire le peuple. Certains cadres lui reprocheraient enfin sa proximité avec le RPM qui est considéré par beaucoup de militants ADEMA comme un parti à abattre, compte tenu de tous les soubresauts judiciaires que ce parti a fait subir l’ADEMA surtout lors des dernières élections communales.
En définitive, si les partisans de la candidature de Dioncounda Traoré sont convaincus qu’il est le seul à faire gagner l’Adéma, ses détracteurs pensent, au contraire, qu’il diviserait le parti en pro et anti Dioncounda. Il revient à l’intéressé de tirer toutes les leçons de sa riche carrière politique avant de se lancer dans une « aventure » à l’issue incertaine qui pourrait lui enlever le grand crédit que son sacerdoce pour le Mali sous la Transition lui a conféré.
Youssouf Sissoko
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