L’objet de cette ultime conférence de suivi, 5e du genre, est de dresser un nouveau bilan d’une part de la mise en œuvre des actions prévues dans le plan pour la relance durable du Mali engagé en 2013 et d’autre part de faire un nouveau point de la mise en œuvre des engagements de quelques 55 bailleurs bilatéraux et multilatéraux depuis deux ans dans le cadre du processus de stabilisation et de redressement du pays. Comme on le sait tout est parti en 2012 lorsque le Mali a connu une crise politico-militaire d’une ampleur sans précédent marquée par l’occupation des deux tiers du territoire par des groupes narcoterroristes. Comme cela ne suffisait pas le coup d’état militaire du 22 mars 2012 a précipité le pays, naguère stable et démocratique, dans une crise institutionnelle aiguë.
Et c’est cette conjonction de ces deux évènements qui a ébranlé les fondements de l’Etat et a eu de graves conséquences humanitaires, économiques et sociales. C’est dans ce contexte invivable que le président de la république par intérim du Mali d’alors, Dioncounda Traoré, le président de la république Française, François Hollande et le président de la commission européenne d’alors ont pris conjointement l’initiative d’organiser une conférence de haut niveau des donateurs pour le développement, afin de permettre au Mali de présenter son plan de relance durable 2013-2014 et de solliciter l’appui de la communauté internationale pour contribuer à son financement le 15 Mai 2013.
A l’issue de cette conférence des donateurs à Bruxelles qui ont vu 108 délégations dont 13 chefs d’Etat et de gouvernement, des représentants d’institutions régionales et internationales, des institutions de coopération, des collectivités locales, des organisations de la société civile malienne et internationale et des représentants du secteur privé, 56 pays et institutions ont annoncé une aide financière en faveur du Mali d’un montant de 3, 285 milliards d’euros soit 2155 milliards de francs CFA.
Les vérités du Premier ministre, Modibo Keita
Cette 5e conférence de suivi se tient aujourd’hui dans un moment où le dialogue inter-malien d’Alger amorce un round crucial sur fond de dégradation préoccupante de la situation sécuritaire dans le Nord du Mali après celles tenues à Bruxelles le 15 Mai 2013 , Bamako le 7novembre 2013, à Bruxelles le 5 Février 2014, Bamako le 15 mai 2014 , à Paris le 30 septembre 2014. Et Annick Girardin, secrétaire d’Etat au développement et à la Francophonie de la France de se réjouir des reformes engagées depuis 2013 à savoir les trois priorités qui sont la sécurité, le développement et la justice. « Sur les 280 millions d’euros promis par la France, elle a tenu et même dépassé son engagement et aura engagé 310 millions d’euros à travers de l’aide-projets dans tous les secteurs de la vie économique et sociale notamment via l’agence française de développement mais aussi à travers des appuis sous forme d’aide budgétaire notamment à la faveur du déblocage de la situation avec le FMI à la fin de l’année dernière » a-t-elle indiqué.
Quant au Premier ministre, Modibo Keita, il a saisi une fois de plus cette opportunité pour remercier la présence effective et renouveler sa profonde gratitude aux pays et institutions leur amitié, leur constante sollicitude pétrie de solidarité agissante à l’égard du Mali. Du coup il espère que cette 5e conférence permettra de convenir les prochaines étapes notamment dans la perspective de la conclusion d’un accord de paix global visant à ramener la paix dans le nord du Mali gage de sécurité, de développement et de justice « Nous prenons acte de tout ce qui vient d’être dit à cette 5e conférence. Mais il faut qu’on se dise certaines vérités car sans la paix il n’y aura ni sécurité, ni développement, ni justice.
Face aux attaques répétées et meurtrières et le nouveau mode opératoire, au terrorisme international, le Mali seul ne pourra pas contrer. Du coup nous vous demandons de nous aider pour que la paix soit une réalité » a-t-il martelé. Et le Premier ministre d’appeler la communauté internationale de revoir les règles d’engagement de la MINUSMA et à la doter d’un mandat et de moyens robustes pour lutter plus efficacement contre les groupes dits Djihadistes. « Je saisis cette occasion pour rendre hommage à l’armée malienne, aux forces internationales et à l’opération française Barkhane, à l’union européenne, aux pays frères du Niger et du Tchad » a-t-il conclu.
La presse édifiée sur le point de la mobilisation des ressources
Juste après cette réunion, les donateurs ont rencontré la presse nationale et internationale pour faire le point de la situation de la mobilisation des ressources obtenues depuis la 4e conférence tenue le 30 septembre 2014 à Paris. Aux dires des conférenciers, des progrès ont été réalisés dans chacun des 12 domaines de concentration du plan pour la relance durable du Mali. Sur un total de 2155 milliards FCFA d’annonces faites lors de la conférence de Bruxelles au 31 décembre 2014, les appuis recensés étaient engagés à 94% et décaissés à hauteur de 76%. Cette aide a été apportée sous la forme d’appuis budgétaires à hauteur de 17% et d’aide humanitaire d’urgence à hauteur de 23% en plus des appuis sectoriels. A noter tous les yeux sont aujourd’hui tournés vers Alger(Algérie) où se déroule le 5e round des pourparlers pour obtenir un accord de paix globale être les groupes armés et l’Etat malien.
Sadou Bocoum
Source: La Mutation 2015-02-20 00:32:39