Dans le cadre de la commémoration des 60 ans de la disparition de Mamadou Konaté, premier noir Vice-président de l’Assemblée nationale française, encore appelé le Saint-Père, l’Assemblée nationale du Mali, dont une salle porte son nom, lui a rendu un vibrant hommage, le mardi 10 mai dernier, Place de la République.
Moments d’intenses émotions, empreints de cordialité que ce 60ème anniversaire, marqué par des témoignages de personnalités comme l’historien Doulaye Konaté et l’ancien député de Tombouctou, El Hadj Baba Haïdara dit Sandy, non moins fils de l’ami et compagnon de l’illustre disparu. La cérémonie a également vu la projection d’un film sur le parcours et la vie de l’homme. C’était sous la présidence du Président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, en présence du président de l’Association Mamadou Konaté, initiateur de la commémoration de ce 60ème anniversaire, Moussa Konaté et plusieurs membres de la famille et amis du disparu.
Après les témoignages riches en révélations sur la vie et le parcours de l’homme, le Président de l’Assemblée nationale a salué son action politique et humanitaire. Selon lui, «Mamadou Konaté est resté une référence à la fois pour les générations passées et les générations présentes et le restera, j’en suis sûr, pour les générations futures. Oui, il le restera car il a su marquer de son empreinte plusieurs pages de l’histoire de notre pays». Issaka Sidibé a confié que l’Honorable Mamadou Konaté avait une connaissance pointue de la société malienne et des problèmes auxquels elle était confrontée. «Il a consacré toute sa vie à la recherche de solutions aux problèmes existentiels de ses concitoyens. De lui, Félix Houphouët Boigny disait qu’il était «un homme d’union et un leader incomparable. L’union était le but de sa vie, l’union dans la famille, l’union fraternelle, l’union dans l’Afrique. Il nous a appris à éloigner de nos cœurs la haine, la vengeance, la méfiance paralysante et destructrice et à cultiver en nous la tolérance, la confiance, l’amour, la fraternité, assise inébranlable de la communauté des Peuples que nous voulons bâtir», a rappelé Issaka sidibé.
A en croire l’orateur, «ce témoignage de son compagnon ivoirien ne peut aucunement nous étonner, nous Maliens, au regard du patriotisme, de la sociabilité et de l’humilité dont l’Honorable Mamadou Konaté a fait preuve durant toute sa vie, forçant le respect et l’admiration de tous». Le Président de l’Assemblée nationale a également rappelé ses qualités et son parcours. Toutes choses qui lui ont valu d’être considéré par la jeunesse malienne comme un modèle.
En effet, dans leur Hymne, les Pionniers du Mali, fer de lance de cette jeunesse, «n’ont pas manqué de montrer leur détermination à suivre son exemple, je cite : « Notre Père Konaté, dans sa dignité, nous suivrons ta voie, nous voulons ta foi… ». Autre révélation faite par le titulaire du perchoir, c’est que pendant près de trois décennies au service de l’enseignement, il a su insuffler à ses compatriotes le goût des études et du travail bien fait. Il a rappelé sa carrière politique depuis la création de l’US-RDA en octobre 1946. «De cette date jusqu’à 1956, soit une dizaine d’années, il effectua une carrière politique élogieuse couronnée par son accession à la vice-présidence de l’Assemblée nationale française. Toujours à l’avant-garde de l’émancipation des Africains, il fut à l’origine de l’aboutissement de nombreuses revendications syndicales et politiques, notamment dans les domaines de l’organisation du travail et de l’enseignement dans les Territoires d’Outre-Mer», a-t-il a déclaré.
Auparavant, le Pr Doulaye Konaté avait témoigné que Mamadou Konaté fut un icône et une figure emblématique qui inspirait la nation soudanaise. Autre témoignage rapporté par l’historien, c’est que le Saint-Père donnait tout son salaire à son père, lequel en disposait comme il l’entendait. Il a aussi fait savoir que l’illustre disparu avait le sens du pays. Selon lui, Mamadou Konaté disait «qu’aucun sacrifice n’est de trop lors qu’il s’agit du pays». Il disait encore: «nous sommes tous appelés à mourir, ce qui ne meurt pas c’est le pays».
Pour sa part, l’ancien député de Tombouctou a beaucoup insisté sur les relations de son père, Mahamane Alassane Haïdara, avec Mamadou Konaté. Il a déclaré qu’il a vu son père pleurer, pour la première fois, quand on lui a annoncé la mort de Mamadou Konaté.
Youssouf Diallo
Source: Le 22 Septembre 12/05/2016