56ième ANNIVERSAIRE DE L’ARMEE MALIENNE Le défi du recouvrement de l’intégrité territoriale du pays, toujours actuel

20 janvier 1961-20 janvier 2017, l’Armée malienne aura ce vendredi 56 ans. Et pour la sixième année consécutive, cette commémoration se déroule sous «l’occupation» d’une partie du territoire par des terroristes narcotrafiquants. De 2012 à cette année 2017, certains maliens ne savent plus ce qui se passe, notamment dans la région de Kidal, coupée de facto du reste du pays. Le 20 janvier 1961, soit 56 ans après toujours une date de fierté pour notre Armée. Elle marque l’anniversaire du départ du sol malien du dernier soldat français et de la mise en place officielle de l’Armée malienne.

C’est le 20 janvier 1961 que le président de la République du Mali, Modibo Keita demandait solennellement devant les chefs de missions diplomatiques accréditées au Mali que :« A l’heure qu’il est, l’Ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, Kati, Gao et Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali et qui deviennent caducs après les évènements du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali». L’armée française quitta ainsi le sol malien après quelques 70 ans près d’un siècle de présence débutée en 1890. Place donc à l’armée malienne. De cette date à nos jours, les Forces Armées de Défense et de Sécurité du Mali auront connu des hauts et des bas dans l’accomplissement de leur mission régalienne, comme en témoigne son Histoire.

Historique
Fondées après l’indépendance du Mali, les Forces Armées de Défense et de Sécurité du Mali se composent entre autres d’une armée de terre, une armée de l’air, une garde nationale ainsi que d’une gendarmerie. Elles ont participé à des missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo (ONUC en 1960-1964 et MONUC depuis 1999), au Liberia, en Sierra Leone et en Centrafrique.

Signalons que la guerre de la Bande d’Agacher, également connue sous le terme de Guerre de Noël, est un conflit de frontière entre le Mali et le Burkina Faso en 1985 autour de la bande d’Agacher, une bande de terre semi-désertique de 160 kilomètres de long et de 30 kilomètres de large se trouvant entre le nord du Burkina Faso et l’est du Mali, et réputée receler du gaz naturel et des ressources minières. Ainsi, le Burkina à l’époque, avec comme président Thomas Sankara et ses 4 600 militaires ont connu une perte de 141 morts et 257 blessés. Quant au Mali de Moussa Traoré avec 7 600 hommes, a connu durant cette guerre 38 morts et 17 blessés, selon des sources militaires maliennes.

Et, durant les années 2000 et au début des années 2010, des militaires maliens sont entraînés par des instructeurs américains dans le cadre de l’opération Enduring Freedom- Trans Sahara. En outre, l’armée malienne a souffert de l’intégration des rebelles touarègues dans l’armée régulière à la suite du Pacte national conclu en 1992 entre le gouvernement et les groupes rebelles. Entre janvier et avril 2012, l’armée malienne a subit une série de revers aboutissant à la partition de facto du pays.

Appui de l’Union européenne à la résolution de crise
En décembre 2012, l’Union européenne décide d’apporter son aide à l’armée malienne à travers la mission de formation EUTM.
Le 11 janvier 2013, la France déclenche l’opération Serval en riposte à une offensive vers le Sud de terroristes venus du Nord-Mali, que l’armée malienne n’a pas réussi à contrer. L’intervention militaire au Mali est une opération militaire multinationale qui se déroule depuis le 11 janvier 2013, dont l’objectif est la mise en œuvre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies. En février 2013, les effectifs étaient estimés à moins de 3 000 militaires opérationnels sur un effectif théorique de 14 000 hommes.
La mission de formation est lancée le 18 février 2013 et présentée à Bamako le 20 février. Plus de 500 militaires, dont 200 formateurs européens arrivent au Mali pour donner des cours aux militaires maliens à partir du 2 avril 2013.

Loi de programmation militaire (LOPM) 2015-2019
1230 milliards 563 millions 972 milles 349 F CFA pour reformer les FAMA
En 2017, grâce à la dotation de la loi de programmation militaire, le budget de la Défense qui était de 182 milliards 400 millions de FCFA en 2015 et 211 milliards 45 millions en 2016 est passé à 316 milliards de FCFA. Il faut indiquer que la somme totale de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire est de 1230 milliards 563 millions 972 milles 349 de F CFA. Elle couvre une période de cinq ans allant de 2015 à 2019 et répartis comme suit : 427 milliards 598 millions 785 milles 583 francs CFA pour les investissements, 442 milliards 577 millions 348 milles 718 francs CFA pour le fonctionnement et 360 milliards 387 millions 838 milles 048 francs CFA pour le personnel. La loi d’orientation et de programmation militaire devra permettre aux Forces Armées et de Sécurité de faire face à un conflit majeur sur le territoire national avec une structure de commandement interarmées et opérationnelle capable de coordonner l’atteinte de l’objectif militaire fixé; contribuer à la protection de la population ; contribuer aux opérations de soutien de la paix à hauteur d’un bataillon de 850 Hommes.

La LOPM permettra aux forces armées d’acquérir des capacités leur permettant d’exécuter pleinement leurs missions sur toute l’étendue du territoire national, d’atteindre les objectifs de renforcement et de perfectionnement des capacités opérationnelles des unités combattantes. Cela par le soutien logistique et l’appui pour l’amélioration du cadre de vie et de travail du personnel et du commandement militaire maliens.
La première phase de ce projet de renouvellement de l’équipement a concerné l’achat de véhiculés blindés et semi-blindés «Renault Trucks» Défense et d’hélicoptères Super Puma. L’armée de l’air a également passé des commandes auprès du constructeur brésilien « Embraer ». La LOPM prévoit également un renforcement des effectifs de l’armée malienne, constituée actuellement de près de 13.000 soldats pour une population estimée à 16,5 millions d’habitants. 10.000 soldats supplémentaires seront ainsi recrutés.

Faut-il le rappeler, avec la crise sécuritaire au nord du Mali qui a démontré les faiblesses du dispositif sécuritaire, la nécessité de doter le pays d’une Armée républicaine et souveraine n’est plus à démontrer.
Au ministère de la Défense et des Anciens Combattants, on avoue que l’ambition des plus hautes autorités du pays et surtout du Département est de bâtir une armée professionnelle et hautement républicaine. On entend tout mettre en œuvre pour doter nos forces armées de Défense et de Sécurité des équipements indispensables à la réussite de leur noble mission qui consiste à préserver l’intégrité et la souveraineté de notre nation.

2017 prévoit un recrutement de 5000 éléments
Dans le cadre du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité maliennes, le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants va procéder cette année au recrutement de 5000 éléments dans les différents corps.
Selon le communiqué du ministère de la Défense, «l’objectif principal de cette opération de recrutement vise à reconstituer une Armée véritablement nationale incluant les fils de toutes catégories, répondant aux critères fondés sur les aptitudes physiques et morales, sur l’engagement individuel et le patriotisme».

Pour créer les conditions normales de ce recrutement, le département aurait pris des mesures et défini des critères de sélection qui visent à moraliser le processus, à le rendre transparent. Il s’agit de mettre le processus de recrutement à l’abri des interventions intempestives et autres pratiques inacceptables dans le choix des hommes et des femmes «du métier de mars » qui auront la responsabilité de défendre le territoire national. Ces mesures palliatives décidées par le haut commandement militaire portent sur la décentralisation du recrutement afin d’assurer une participation effective de tous.

La commémoration du 20 janvier cette année comme celle des 5 dernières années sera selon nos informations, une fête modeste, mais pleine de signification sur la place d’armes de Kati, à cause de la situation difficile de crise que vit notre pays depuis plusieurs années déjà. Avec la traditionnelle prise d’armes, le dépôt de gerbe de fleurs, la revue des troupes par le Chef suprême des Armées, Ibrahim Boubacar Keita.
En définitive, l’armée reste la colonne vertébrale de tout Etat et son renforcement est vital pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale ainsi que la défense de la Nation. Elle reste surtout une forte Institution qui conserve le drapeau de la nation en dernier recours. Par conséquent, nous devons toujours veiller sur elle autant qu’elle veille sur nous tous.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com