Konzo TRAORE, Directeur National de la BCEAO pour le Mali «L’analyse des comptes extérieurs met en relief la vulnérabilité de l’économie malienne… »

Le Directeur de la BCEAO Mali, Konzo Traoré

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a organisé, le jeudi 21 février 2019, la 11ème édition de la journée de diffusion des comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2017. Cette journée s’inscrit dans le cadre de la vulgarisation des comptes extérieurs de la période récente ainsi que des perspectives pour l’année 2019. Le Thème de cette journée s’intitule : « vulnérabilité du pays face à l’envolée des cours des produits pétroliers ». Au cours de la cérémonie d’ouverture de cette journée, le Directeur National de la BCEAO pour le Mali, Konzo TRAORE a fait savoir que l’analyse des comptes extérieurs, au cours des dernières années, met en relief la vulnérabilité de l’économie malienne face aux chocs externes.

La cérémonie d’ouverture de la journée était présidée par le représentant du ministre de l’économie et des finances, Diakaridia DEMBELE, en présence de Konzo TRAORE, Directeur National de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour le Mali, de Fanta SOW de la Bceao Mali et de nombreuses autres personnalités. Dans ses mots de bienvenue, le Directeur National de la BCEAO pour le Mali, Konzo TRAORE a fait savoir que la BCEAO est chargée de l’élaboration des comptes extérieurs dans chaque Etat de la Zone UEMOA (Union économique monétaire ouest Africaine), conformément aux dispositions du Traité constitutif de l’Union. Avant d’ajouter que le règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA institue, à cet effet, un Comité national de la balance des paiements, chargé de l’adoption des comptes extérieurs. Ce comité est présidé actuellement par le Directeur de l’Institut national de la statistique, et la BCEAO en assure le Secrétariat dans les pays de la Zone UEMOA. Selon lui, les déficits chroniques du solde courant sont le reflet d’une situation de vulnérabilité inquiétante, de nature à fragiliser durablement la position extérieure du pays. « L’analyse des comptes extérieurs, au cours des dernières années, met en relief la vulnérabilité de l’économie malienne face aux chocs externes. En effet, le déficit courant continue de se détériorer. Il ressort à 7,9% du PIB en 2017, après 7,2% en 2016, du fait de la contre-performance enregistrée dans les échanges commerciaux. Ce déficit a, en partie, été résorbé par les flux de capitaux privés et publics plus importants en 2017, d’où un déficit global de la balance des paiements qui s’est contracté, en s’établissant à 101,5 milliards de FCFA. Pour notre pays, l’amélioration du solde courant requiert : la diversification des exportations, qui sont aujourd’hui concentrées autour de l’or, qui représente en moyenne 65% par an ; l’accroissement de la production agricole, en vue de réduire substantiellement les importations de produits alimentaires ; la promotion d’entreprises évoluant dans le secteur des services, qui constituent aujourd’hui une des principales sources du déficit courant », a souligné Konzo TRAORE. Dans le cadre de l’élaboration des comptes extérieurs du Mali, il a indiqué que des difficultés persistent dans la collecte de certaines données, notamment les transactions des entreprises commerciales et industrielles qui représentent l’essentiel des unités économiques enquêtées. « Le taux de réponse des unités enquêtées reste en deçà des attentes, et cette situation est une source de préoccupation pour les membres du Comité de la balance des paiements. Elle affecte notamment la qualité des comptes extérieurs et la pertinence des analyses y afférentes », a-t-il conclu.

« Le déficit de la balance des services estimé à 955,7 milliards de FCFA en 2019 »

Quant au représentant du ministre de l’économie et des finances, Diakaridia DEMBELE, l’organisation de cette journée, qui est à sa onzième édition, a permis, au fil du temps, aux décideurs politiques et aux acteurs du secteur privé de s’approprier, dans toutes ses dimensions, la balance des paiements, instrument fondamental pour l’analyse et la formulation des politiques économiques. A l’en croire, cette journée offre un cadre approprié, permettant aux acteurs de la vie économique nationale, secteurs public et privé, d’échanger sur des sujets se rapportant notamment à la viabilité des comptes extérieurs du pays. « L’évolution des comptes extérieurs constitue une question essentielle et un élément important du dialogue entre les Autorités nationales et les Institutions internationales. C’est ainsi que la mise en place des programmes avec le Fonds monétaire international trouve son fondement, pour l’essentiel, dans la recherche de mesures de correction des déséquilibres de la balance des paiements. L’analyse des comptes extérieurs éclaire les déséquilibres internes et externes. Ainsi, un solde courant des paiements extérieurs déficitaire est le reflet du déséquilibre entre l’épargne et l’investissement. Ce déficit peut être interprété comme un excès de la demande globale par rapport à l’offre globale. Cet excès de demande est très souvent localisé au niveau du budget de l’Etat. Les actions engagées, dans le cadre des programmes avec le FMI, ont pour but de mettre en œuvre des mesures d’ajustement des dépenses publiques, afin de restaurer les équilibres interne et externe », a déclaré le représentant du ministre. Par ailleurs, il dira que l’analyse des mouvements de flux de biens et de capitaux privés peut permettre aux autorités d’engager un dialogue fécond avec le secteur privé et de formuler des politiques adéquates, permettant au pays de tirer le meilleur parti des activités de son secteur privé, particulièrement dynamique dans notre pays. Pour 2017, dit-il, le déficit s’établit à 101,5 milliards de FCFA, après 317,8 milliards un an plus tôt. Et d’ajouter que le déficit du solde courant, rapporté au PIB (Produit intérieur brut), s’est détérioré, en ressortant à 7,9%, après 7,2% en 2016. « Cette situation requiert l’attention de tous, Etat et secteur privé compris, en vue d’identifier et mettre en œuvre des politiques appropriées, permettant au Mali de renforcer sa compétitivité. Il s’agira de chercher à accroître la part de notre pays dans les échanges internationaux, en élargissant la base des produits d’exportation et en attirant davantage de flux de capitaux d’investissements directs étrangers. De ce point de vue, l’amélioration continue du climat des affaires doit figurer en bonne place dans les priorités des décideurs, en matière de politique économique », a-t-il dit. A l’en croire, le Mali subit de plein fouet les effets de la flambée des prix des produits énergétiques, dont la valeur particulièrement importante à l’importation participe à la dégradation de la balance commerciale et, partant, du solde global des paiements extérieurs. « Pour faire face à ces hausses et éviter qu’elle n’affecte considérablement le pouvoir d’achat des populations, le Gouvernement est amené à ajuster la taxation de ces produits, se traduisant par des pertes de recettes pour le Trésor public. Il est donc essentiel, dans ce contexte, d’analyser les canaux de transmission des chocs extérieurs à notre économie et de réfléchir à la qualité des réponses à y apporter », a-t-il conclu. Après la cérémonie d’ouverture, Fanta SOW de la Bceao-Mali a fait deux présentations. La première présentation portait sur l’évolution récente des comptes extérieurs de 2017 du Mali, estimations 2018 et perspectives pour 2019. La seconde faisait allusion à la vulnérabilité du Mali face à la hausse des cours des produits pétroliers. Dans ses présentations, elle a fait savoir que les perspectives de 2019 prévoient une baisse de 4,2% des exportations en 2019 avec un montant de 1 827,7 milliards de FCFA, en liaison celle des volumes d’or et de coton. Et d’ajouter qu’il y aura une augmentation des importations totales, nonobstant la baisse projetée des cours du pétrole. « Le déficit de la balance des services est estimé à 955,7 milliards de FCFA en 2019 soit 7,2% de plus qu’en 2018 », a-t-elle souligné.

A.DISSA