4 OCTOBRE 1960 – 4 OCTOBRE 2016, LA POLICE NATIONALE DU MALI A 56 ANS Retour sur l’histoire de sa création et ses différentes mutations

Le mardi 4 octobre 2016, la Police Nationale du Mali a célébré pour la première fois de son histoire, la journée à elle dédiée. L’événement marqué par une série d’activités visait à rapprocher la police des citoyens. Aujourd’hui, 56 ans après sa création, la police malienne reste confrontée à d’énormes difficultés liées notamment à la formation et aux moyens. Cependant, il y a des faits marquants qui montrent que la police est montée en puissance et cela dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité et l’extrémisme violent avec la création des unités spéciales pour faire face à ces fléaux. Retour sur l’histoire de sa création et ses quelques mutations au cours de ces 56 années.

Historique
D’abord coloniale puis militarisée, la police nationale poursuit sa mission pour mieux répondre aux exigences des villes. La Police comme institution a été créée pendant la période coloniale par un arrêté du Gouverneur Général de l’Afrique Occidentale française le 31 juillet 1925. Ce texte sera complété par un arrêté du 27 décembre 1941 du Gouverneur du Soudan français, appellation coloniale du Mali.
Le siège de la Police était à Bamako, sous la direction du Chef de la Sûreté Locale, un fonctionnaire français. Le personnel de la Police était constitué de fonctionnaires civils se répartissant entre six corps : Commissaires de Police, Officiers de Police, Officiers de Police Adjoints, Inspecteurs de Polices, assistants de Police et agents de Police. Ils étaient formés à l’Ecole Fédérale de Police de Dakar.
A cette époque, les Soudanais occupaient plutôt des postes subalternes d’agents et assistants de police. Rare étaient ceux qui atteignaient le grade d’officier de police adjoint. La fonction de commissaire étaient assurée par le colon. Il a fallu attendre 1956, avec la loi Gaston Deferre dite Loi cadre pour voir la première fois un africain assumer les fonctions de commissaire de police en l’occurrence à la régie des chemins de fer à Bamako en la personne de Yamadou Diallo. Le dernier français à avoir dirigé la Police est le Commandant Morette ELYSEE qui, le 4 octobre 1960 a été remis à la disposition de la Communauté française. Et de ce fait, Mahamane Touré, le directeur Adjoint des Services de Police, a continué à diriger la Police Nationale durant les premiers mois de l’indépendance.

Quelques grandes mutations de la police
L’évolution de l’institution de l’indépendance à nos jours se décline en quatre grandes périodes. Le Mali après avoir accédé à la souveraineté nationale et internationale, a choisi de se doter souverainement d’institutions et de moyens propres à assurer son développement, sa défense et sa sécurité et d’en confier la gestion à ses cadres.
C’est ainsi, que par Décret N°67/PG-RM du 15 février 1961, Oumar BORE a été nommé Directeur des Services de Sécurité de la République. A cette époque, le personnel de la Police était recruté par voie de concours et recevait également des anciens militaires au bénéfice des emplois réservés. Les formations qui étaient dispensées avant l’indépendance à l’Ecole Fédérale de Police de Dakar ont été transférées à l’Ecole Nationale de Police à partir de 1971. Cette structure est devenue désormais le centre de formation des différents corps de police.
Le personnel de Police relevait du statut général des fonctionnaires, institué par la Loi N°61-57/AN-RM du 15 mai 1961 et était rattaché au ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Affaires Sociales.
En 1968, avec la loi N°68-13/AN-RM du 17 février 1968 portant Statut Général des Fonctionnaires de la Police et de la Sécurité et des Statuts Particuliers des Corps du Cadre unique de la Police et de la Sécurité, le corps connaîtra une semi-militarisation marquée par la dissolution des syndicats. Ce statut prévoyait quatre corps : Commissaires de Police (Catégorie A), Officiers de Police (Catégorie B), Inspecteurs de Police (Catégorie C) et Gardiens de Paix (Catégorie D).
Ensuite, les évènements du 28 février 1978, sont passés par là. Décapitant, l’institution. La Direction Générale des Services de Sécurité deviendra la Direction Nationale des Services de Police en 1979 puis Direction de la Sûreté Nationale en 1985. Le dernier recrutement d’officiers de Police par voie de concours direct a eu lieu en décembre 1979. La loi N°87-28/AN-RM du 20 février 1987 portant Statut particulier du cadre de la Police conduira la Police à la militarisation totale en décidant l’extinction du corps des Inspecteurs de Police.
Les évènements de Mars 1991 vont profondément marquer la vie de la police. La Conférence Nationale convoquée pour rédiger une nouvelle Constitution et d’autres textes a recommandé la démilitarisation de la Police. Ainsi, conformément aux recommandations de la conférence, la loi N°93-018/AN-RM du 16 février 1993 portant Statut Général des Fonctionnaires de la Police a consacré la loi N°02-056/AN-RM du 16 décembre 2002 portant Statut Général des Fonctionnaires de la Police a confirmé la démilitarisation de la Police et regroupé les fonctionnaires de Police dans trois corps au lieu de quatre comme précédemment planifié. Le corps des commissaires qui comprend cinq grades qui sont : l’Inspecteur Général, le Contrôleur Général, le Commissaire Divisionnaire, le Commissaire Principal et le Commissaire de Police.

Les missions de la police
La Direction Générale de la Police Nationale a été créée par l’ordonnance n°04-26/PRM du 16 septembre 2004 ratifiée par la Loi n°05-020 du 30 mai 2005.C’est un Service Central qui a pour mission d’élaborer et d’assurer la mise en œuvre des éléments de la politique nationale dans le domaine du maintien de l’ordre et de la sécurité publique et de prêter son concours à l’exécution des lois et des règlements.
A cet effet, elle est chargée entre autres d’assurer la protection des personnes et des biens, maintenir l’ordre, la sûreté, la sécurité et la tranquillité publics, veiller au respect des lois et règlements par l’exécution des missions de police administrative et de police judiciaire, d’assurer le contrôle de la réglementation sur les armes et munitions, contrôler les activités des services privés de sécurité, les établissements classés de jeu. Elle est aussi chargée d’assurer la police de l’air et des frontières, de participer à la protection des Institutions de l’Etat et des Hautes personnalités, à la mission d’information du Gouvernement, aux actions de maintien de la paix et d’assistance humanitaire et à la protection et à la défense civile.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com