Frappé par la limite d’âge, fixée à 35 ans et par les dispositions statutaires qui ne lui permettent pas de briquer un 3ème mandat, le président sortant du Conseil national des jeunes du Mali, Siriman Traoré devait se retirer à la fin de ce 3ème congrès ordinaire de l’organisation qui se tenait ce week-end à Tombouctou. La course pour sa succession a donc donné lieu à de chaudes empoignades et la menace d’un bicéphalisme est désormais très pressante. Déjà à quelques jours du congrès, la tension était plus que vive entre les protagonistes, lesquels s’entre-déchiraient pour le contrôle de la commission nationale d’organisation.
Des accusations contre le ministre Maharafa Traoré
Les hostilités ont commencé dès la fin de la cérémonie d’ouverture dans la salle de conférence de l’Assemblée régionale de Tombouctou le 27 novembre dernier. La première commission d’organisation dirigée par le jeune magistrat, Dramane Diarra, prit possession de la salle de réunion et éloigna l’autre commission pilotée par Séga Diabaté vice-président de la Maison de la Presse jusqu’à la fin de ses travaux, à 19 heures. Certaines sources soutiennent que c’est sur instruction du ministre de la Justice, présent ce week-end dans la Cité des 333 Saints pour soutenir Abdoulaye Touré, son chargé de mission, la salle fut fermée par les gendarmes aux autres délégués, de même que le directeur national de la jeunesse et des sports. L’autre tendance acquise à Alioun Guèye- soutenu par le président sortant, Sirima Traoré- est rentrée à son tour pour faire ses travaux jusqu’à 23 heures. Ainsi, à chaque clan, son congrès.
Le bicéphalisme acquis
Le lendemain (Ndlr : hier dimanche 28 novembre) face à cette situation explosive, le gouverneur de Tombouctou, Mamadou Mangara a interdit l’accès de la salle de congrès aux deux camps avant tout consensus. Les protagonistes ont alors radicalisé leurs positions. C’est ainsi que le clan du candidat Abdoulaye Touré dans lequel se trouve le juge Dramane Diarra se sont retranchés dans leur fief qui serait le domicile de la femme du patron de la S.E, alors que le clan du candidat Alioun Guèye auquel s’est rallié l’autre candidat Mohamed Salia Touré, est allé se loger à l’hôtel Tombouctou. Chaque camp a mené de son côté ses travaux et a fini par élire son bureau. Comme attendu, le bicéphalisme a commencé hier à s’installer au sein du Conseil national des jeunes (CNJ-Mali). Reste maintenant à savoir quel bord remportera la bataille de la légitimité et de la légalité.
Une déchirure attendue depuis longtemps
Mais cette situation était prévisible depuis quelques semaines. Déjà au sein du bureau sortant, les dissensions ont abouti à la dissolution le dimanche 21 nombre 2010 de la commission nationale d’organisation et la mise en place d’une nouvelle équipe dirigée par un ancien du CNJ en la personne de Séga Diabaté, actuellement vice-président de la Maison de la Presse. Cette décision du président sortant a été contestée par le camp de son vice-président qui lui reproche de vouloir imposer son candidat à la tête du CNJ, en l’occurrence le secrétaire général sortant, Alioune Gueye investi d’ailleurs le mardi dernier par une coalition dirigée par le Dr. Soumaré du MARD et qui prétendait disposer de la majorité qualifiée pour composer le prochain bureau du CNJ-MALI.
Les autres candidats n’entendaient pas se laisser-faire. Ils ont décidé de constituer un front uni pour « mettre en échec les ambitions malsaines de Siriman Traoré de faire main basse sur l’organisation de la jeunesse malienne », révèle un proche de Touré qui annonce que le congrès de ce week-end risquait de conduire à une scission du CNJ avec l’élection de deux bureaux parallèles. Info ou intox, les événements leur ont donné raison.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 29/11/2010