Comme annoncé, le 3e congrès ordinaire du Conseil national des jeunes du Mali tenu le week-end dernier à Tombouctou a été marqué par un affrontement violent entre deux camps rivaux. Malgré la médiation du gouverneur de la région, la rencontre est terminée en queue de poisson avec l’élection de deux bureaux parallèles. D’un côté, il y a le bureau d’Alioun Guèye, secrétaire général du bureau sortant, soutenu par le président sortant, Sirima Traoré et Mohamed Salia Touré, le troisième candidat à la présidence du conseil.
Le bureau de ce camp a en plus du bureau, mis en place une commission de travail. Ce bureau de 23 membres soutenu par une certaine coalition au sein du CNJ narguera désormais celui d’Abdoulaye Touré, chargé de mission au ministère de la Justice, considéré comme le candidat du pouvoir puisque ayant bénéficié du soutien de Maharafa Traoré et de Hamane Niang respectivement ministre de la Justice, Garde des Sceaux et ministre de la Jeunesse et des Sports. A mille lieues donc de cette prétention du directeur de campagne du candidat Alioun Guèye qui, à la veille du départ pour Tombouctou, démentait la thèse selon laquelle Abdoulaye Touré est le candidat du pouvoir, Yacouba Diakité, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était allé ce jour-là jusqu’à se montrer plus proche d’ATT que quiconque.
Rappel des faits
Les hostilités ont commencé dès la fin de la cérémonie d’ouverture dans la salle de conférence de l’Assemblée régionale de Tombouctou le 27 novembre dernier. La première commission d’organisation dirigée par le jeune magistrat, Dramane Diarra, prit possession de la salle de réunion et éloigna l’autre commission pilotée par Séga Diabaté vice-président de la Maison de la Presse jusqu’à la fin de ses travaux, à 19 heures. Certaines sources soutiennent que c’est sur instruction du ministre de la Justice, présent ce week-end dans la Cité des 333 Saints pour soutenir Abdoulaye Touré, son chargé de mission, la salle fut fermée par les gendarmes aux autres délégués. Soit dit en passant, le directeur national de la Jeunesse et des Sports s’était aussi vu refuser l’accès de la salle. L’autre tendance acquise à Alioun Guèye- soutenu par le président sortant, Sirima Traoré- est rentrée à son tour pour faire ses travaux jusqu’à 23 heures. Ainsi, à chaque clan, son congrès.
Le bicéphalisme acquis
Le lendemain (Ndlr : le dimanche 28 novembre dernier) face à cette situation explosive, le gouverneur de Tombouctou, Mamadou Mangara a interdit l’accès de la salle de congrès aux deux camps avant tout consensus. Les protagonistes ont alors radicalisé leurs positions. C’est ainsi que le clan du candidat Abdoulaye Touré dans lequel se trouve le juge Dramane Diarra se sont retranchés dans leur fief qui serait le domicile de la femme du patron de la S.E, alors que le clan du candidat Alioun Guèye auquel s’est rallié l’autre candidat Mohamed Salia Touré, avait élu domicile à l’hôtel Tombouctou. Chaque camp a mené de son côté ses travaux et a fini par élire son bureau. Comme attendu, le bicéphalisme s’installe au sein du Conseil national des jeunes (CNJ-Mali). Reste maintenant à savoir quel bord remportera la bataille de la légitimité et de la légalité.
Pourtant, ce n’est pas la médiation qui a manqué entre les protagonistes. Le gouverneur de la région, Mamadou Mangara ayant constaté la tension qui a caractérisé les travaux avait tenté d’engager une ultime médiation auprès des deux parties le dimanche soir aux environs de 18 heures. Il a réuni les deux parties dans la salle de conférence de l’Assemblée régionale. Le gouverneur Mangara voulait obtenir des jeunes un bureau consensuel. Mais au lieu d’aller vers ça, les deux camps qui avaient chacun son bureau, se sont campés sur leurs positions. Personne n’a daigné faire la concession. Résultat, la rencontre s’est terminée en queue de poisson et même un discours de clôture n’a pas été prononcé. C’est dans ces conditions que les jeunes du Mali quittent Tombouctou à l’issue d’un congrès qui a été pour la première fois explosif. Chaque camp regagne Bamako pour se préparer au reste de la bataille. Car, l’enjeu reste maintenant la bataille judiciaire autour de la légitimité et la légalité.
Une déchirure attendue depuis longtemps
Mais cette situation était prévisible depuis quelques semaines. Déjà au sein du bureau sortant, les dissensions ont abouti à la dissolution le dimanche 21 nombre 2010 de la commission nationale d’organisation et la mise en place d’une nouvelle équipe dirigée par un ancien du CNJ en la personne de Séga Diabaté, actuellement vice-président de la Maison de la Presse. Cette décision du président sortant a été contestée par le camp de son vice-président qui lui reproche de vouloir imposer son candidat à la tête du CNJ, en l’occurrence le secrétaire général sortant, Alioune Gueye investi d’ailleurs le mardi dernier par une coalition dirigée par le Dr. Soumaré du MARD et qui prétendait disposer de la majorité qualifiée pour composer le prochain bureau du CNJ-MALI.
Les autres candidats n’entendaient pas se laisser-faire. Ils ont décidé de constituer un front uni pour « mettre en échec les ambitions malsaines de Siriman Traoré de faire main basse sur l’organisation de la jeunesse malienne », révèle un proche de Touré qui annonce que le congrès de ce week-end risquait de conduire à une scission du CNJ avec l’élection de deux bureaux parallèles. Info ou intox, les événements leur ont donné raison.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 30/11/2010