Après vingt ans de dur parcours pour répondre à la mission sacrée du devoir d’informer, force est de reconnaître que le Scorpion ne manquera pas de défendre la liberté de la presse dans un Mali qui a arraché sa démocratie dans la douleur, un certain 26 mars 1991. Le sang des Maliens a coulé dans la recherche de la démocratie et de la liberté. Ce sacrifice ne sera jamais oublié par votre serviteur qui a compris très tôt que le bonheur sera un jour acquis après tant d’efforts fournis. Nous avons pris toute sorte de risques pour informer les Maliens sur leur vécu quotidien et les rapports qu’ils tissent avec la communauté internationale.
Nous ne demandons pas de salaire à nos concitoyens, mais on a besoin de la reconnaissance de tous et de toutes pour avoir su survivre à vingt ans de défis majeurs. Oui, vingt ans de défis majeurs puisque pendant de longues années on s’inquiétait, chaque jour que Dieu fait, de s’interroger si le journal n’allait pas mourir d’un moment à l’autre. Cependant, nous n’avons jamais perdu de vue que ce journal allait survivre, avec la bonne volonté de tous ses animateurs. C’est cet esprit qui nous a animés durant le reste de la transition démocratique, pendant la décennie du Roi Sans Soucis et, enfin la présidence actuelle de sa Majesté Zounzani 1er qui se prépare d’ailleurs à rendre le tablier, le 08 juin 2012.
Même si les journaleux de votre serviteur n’ont pas eu beaucoup d’argent pour mener une vie de haut standing, il y a lieu quand même de reconnaître qu’ils ont gagné en maturité et en expérience dans la collecte, le traitement et la publication d’informations. Nous avons bénéficié des stages de formation diplômante, des ateliers de renforcement des capacités, des voyages d’études, etc.
On a été sollicité à aller animer de grandes conférences à l’échelle nationale et internationale. On a eu à mener des reportages tous azimuts à l’intérieur et à l’extérieur du pays. On a réalisé des publications d’articles dans tous les domaines de la vie de la nation. C’est pour dire que le Scorpion vient de loin et n’est pas prêt à lâcher le combat de l’information du public de si tôt. On a reçu parfois des félicitations, parfois des critiques acerbes sinon violentes. Malgré tout, on a continué le boulot pour être là, aujourd’hui.
On se rappelle encore qu’en octobre 1991, votre serviteur avait alerté les militants de l’ex parti US-RDA du danger qui guettait la formation avec le duel qui était en gestation, en son sein, entre Baba Hakib Haïdara et Tièoulé Mamadou Konaté pour l’investiture du candidat du parti à la présidentielle de 1992. La direction de ce parti nous a, aussitôt, envoyé un long droit de réponse qui nous traitait de tous les noms d’Israël. On avait été même qualifié d’oiseaux de mauvais augure qui cherchaient à casser le parti.
Trois mois après (janvier 1992) l’histoire nous donnait raison puisque le parti s’était scindé en deux tendances chacune réclamant la légitimité de la formation des feus Mamadou Konaté et Modibo Keïta. Après de longs mois de lutte fratricide, la justice finira par trancher. Mais c’était trop tard pour les belligérants qui ont perdu les élections générales de 1992. Si on avait été écouté dès le départ, les choses allaient, peut être, se passer autrement.
Pendant les deux décennies, on a connu des hauts et des bas dans l’exercice du métier de journaliste, mais l’équipe n’a pas craqué un seul instant. Vous souvenez de l’arrestation arbitraire de notre Dirpub, Mahamane Hamèye Cissé, en juin 2007, dans l’affaire dite : «La maîtresse du Président» en compagnie d’autres Dirpubs de la presse écrite indépendante. Le journal a tenu bon pour défendre la liberté de la presse et d’expression.
Par la grâce de Dieu, le journal a paru régulièrement et n’a jamais connu d’interruption pour des raisons techniques et financières. On a connu même connu une semaine où toute l’équipe rédactionnelle s’est retrouvée à Tombouctou pour la couverture d’un événement important. La collecte, le traitement des informations et la composition du journal ont eu lieu sur place, dans la cité des 333 Saints, mais la publication a été faite à Bamako par le génie de l’Internet et par le courage de notre agent commercial. C’est pour dire qu’aucun défi ne pourra nous distraire dans l’accomplissement de notre mission.
On ne saurait clore cet article sur les 20 ans sans avoir une pensée pieuse à tous ceux qui ont œuvré pour la survie du journal à un moment donné de son parcours. Il s’agit surtout de notre Dirpub feu Oumar Sékou qui a été arraché à notre affection un certain mois de juin 1995 et Saloum Badiaga qui nous a quitté cette année après plusieurs années de combat contre la maladie qui le rongeait (la dracunculose). Qu’Allah le Tout Puissant les accueille dans son paradis et que leur âme repose en paix.
La Rédaction
Le Scorpion 15/06/2011