‘’Je saisis cette opportunité pour m’adresser à vous tous afin de dire que la tentative de vouloir semer une panique à Bamako n’est pas fondée du tout. Je vous demande donc par conséquent de vous calmer tous et de rester vigilants. Nous avons assisté à une tentative de déstabilisation du pays ces dernières 48 heures qui se sont soldée par une victoire, en tout cas temporaire, pas complète encore, de notre armée et de nos forces de sécurité. Car je crois comprendre qu’il y a encore quelques éléments dans la nature.
Et d’ailleurs c’est la présence de ces éléments en civils et armés dans la nature qui justifient la présence massive de nos forces armées et de sécurité dans la ville de Bamako afin de sécuriser les populations, les business et aussi les bureaux. C’est pour cela que j’ai décidé de m’adresser à vous à l’avance. J’aurai préféré attendre que toute cette opération soit terminée afin de venir faire le point moi même. Mais, comme nous voyons qu’il y a cette persistance, cette persévérance dans la tentative de déstabiliser le pays, je viens donc vous faire ce communiqué intermédiaire. Restez calme, il n’y a pas lieu de paniquer, il n’y a aucune alerte. Mon gouvernement et moi-même, si cela était nécessaire, seront les premiers à vous dire de vous mettre à l’abri contre les tentatives de coups de terroristes ou autres, mais cela n’est pas le cas. Ces sont des rumeurs qui sont véhiculées par ceux-là même qui ne veulent pas que le pays retrouve sa stabilité afin de travailler à sa libération et à sa reconquête territoriale.
Je voudrais particulièrement insister sur le cas des étudiants à qui on a fait croire, aujourd’hui, selon mes informations que leur secrétaire général était décédé : à la suite de blessure. Il n’en est rien, Monsieur Traoré est bel et bien vivant. Ceci est fait dans le but simplement de faire sortir les étudiants en force et en masse et de profiter de la confusion que cela va créer pour aller causer des dégâts physiques et matériels à ces étudiants, exacerbant la situation qui est déjà précaire. C’est pour cela que je demande à tous les étudiants et à tous les élèves de rester à leurs domiciles ces quelques jours, le temps de voir claire. Lorsque cela aurait été fait, les deux ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieurs reviendront vers vous pour vous dire que la situation est tout à fait normalisée et en ce moment, vous pourriez retourner à vos études. Je voudrai aussi dire aux populations que la situation qui prévaut aujourd’hui, à savoir la tentative de déstabiliser le pays à travers les fausses rumeurs, que le Cnrdre aurait distribué des armes aux gens, d’aucuns disent que les aéroports sont fermés, d’autres disent que les ponts sont coupés. Toutes ces informations sont complètement fausses et erronées. L’aéroport n’est pas fermé et les armes ne sont pas en train d’être distribuées par le Cnrdre. Car la sécurité de tous les citoyens, y compris les membres du Cnrdre, est la responsabilité de ce gouvernement. Et les forces armées et les forces de sécurité veilleront à la sécurité de tous les citoyens. Pas de milices parallèles. Au delà des élèves, je voudrai profiter de l’occasion pour présenter mes condoléances aux familles de ceux qui sont décédés, que leurs âmes reposent en paix et surtout que leurs sacrifices ne soient pas faits en vain. Je voudrai souhaiter à ceux qui sont blessés ou malades un prompt rétablissement. Pour conclure, je voudrais m’adresser à nos frères et à nos sœurs du nord que nous ne vous abandonnerons jamais. Ne vous laissez pas dire cela par des forces qui sont en train d’occuper votre territoire.
Nous sommes en train d’organiser, voir avec notamment l’accord des occupants pour acheminer vers vous des nourritures et des médicaments. Nous sommes en train de voir tout le temps qu’il faut pour accéder à de vraies négociations, à des discussions. Ne croyez pas un mot de ceux qui vous disent que vous avez été oubliés. Vous êtes encore notre priorité. La reconquête de l’intégrité territoriale est notre priorité et restera notre priorité jusqu’au bout. Nous sommes obligés, cependant, pour accomplir cela de faire en sorte que ceux qui veulent déstabiliser la nation à partir de l’intérieur, que nous puissions aussi maîtriser ceux-là. Mais, ne vous faites pas de doute, cette diversion ne saurait en aucun cas dévier notre attention principale sur la question du nord. Je demande donc à tous les citoyens de garder leur sérénité et leur calme, de contribuer à l’effort de stabilisation de notre nation, ce qui est l’intérêt de nous tous, de ne pas jouer entre les mains de ceux-là que cette stabilisation ne conviendrait pas.
Et c’est pour cela que je vous demande, dans votre vigilance, de reporter aux autorités compétentes, tous les agissements qui seront en dehors de la norme, afin que très rapidement, nous puissions retourner à une vie normale, commencer le travail effectif, reconquérir notre souveraineté, amener finalement la prospérité à tous les enfants de ce pays. ‘’
Transcrite par Khadydiatou Sanogo et Abdoulaye Ouattara
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Notre commentaire
C’est dans un climat de grande confusion et de psychose, marqué par de folles rumeurs que le Premier ministre Cheik Modibo Diarra s’est adressé à la Nation. Rumeurs d’affrontements entre les deux corps d’élite de l’armée malienne, de coups d’Etat, de mercenaires, de civils armés, de ponts et d’aéroports coupés ou fermés … Le pays, ces derniers vingt quatre heure , a été en proie à un grand désarroi ayant entrainé la fermeture de l’administration, des banques et de certaines entreprises publiques et privées. Même les stations d’essence étaient fermées. Il était temps donc que le premier ministre parle et rompt ce silence qui fait le lit de la rumeur et de l’intox. Les populations apeurées, aux aguets, scrutent, éberluées, l’information vraie et vérifiable qui contribuera à rasséréner, et que seul le gouvernement est à même de donner.
Il était temps car le front scolaire lui aussi était en ébullition et l’annonce d’une démarche visant à clarifier la mort survenue de deux étudiants, aurait été de nature à baisser la tension qui y règne et compléter la mesure conservatrice de les faire rester chez eux jusqu’à ce que leurs ministères de tutelle leur indiquent la date de la reprise des cours. Enfin, malgré les assurances concernant le ravitaillement en vivres et médicaments pour les populations du Nord, les inquiétudes demeurent, plus que jamais, puisqu’il s’agit toujours de négocier un passage à un corridor humanitaire, en plus de la question de l’intégrité territoriale qui reste toute entière.
Le Républicain Mali 03/05/2012