La présentation d’un tel rapport, en présence de personnalités comme le Dr Babatunde Osotimehim , Secrétaire Général Adjoint de l’ONU et Directeur Exécutif du Fonds des Nations Unies pour la Population ainsi que Mme Bridget Lynch, Présidente de la Confédération Internationale des Sages-Femmes, offrira de nouvelles informations et données récoltées dans 58 pays de toutes les régions. Il visera également à renforcer la pratique de Sage-Femme partout dans le monde.
A la veille de cette importante réunion nous avons rencontré Mme Koumaré Diouma Camara, Présidente de l’Ordre des Sages Femmes du Mali, qui a bien voulu se confier au Républicain.
Le Républicain : Quel est l’état de la profession de Sage femme au Mali ?
Mme Koumaré Diouma Camara : Il faut d’entrée de jeu dire que la sage-femme a un rôle de premier plan dans la pyramide des soins, dans la prise en charge de la santé de la mère, de l’enfant et du nouveau-né et dans les diverses politiques définies dans les CPON, PF, PTME, GATPA, etc .Elle tient une place de choix dans le relai des politiques de population de la Mère, de l’Enfant et du Nouveau-né, de suivi-évaluation et de référence des soins obstétricaux globaux. De ce fait la Sage femme est en première ligne dans l’ISC et l’Education en SME.
La Sage femme de par son abnégation conserve dans notre société une image faite de respect d’estime et de considération due à son rôle prépondérant et primordial dans la prise en charge générale des questions de développement et de santé familiale.
Pour revenir à votre question, je dirai que l’ordre des sages femmes au Mali compte plus de 700 membres présents dans tous les centres de santé publique, privé, mixte et confessionnels. La profession est organisée, son exercice légal et son exploitation légitime réglementés. Les Sages femmes bénéficient de formation continue et ont un ancrage dans toutes les politiques nationales, régionales et internationales. Elles bénéficient aussi de l’accompagnement judicieux de l’Etat, des partenaires financiers et institutionnels. Ce qui explique les avancées constatées aujourd’hui contribuant à réduire les défis et les attentes :
Plus techniquement, relevons que 98% des décès néonatales surviennent dans les Pays en développement, soit 45/1 000 naissances vivantes en Afrique Subsaharienne, qui occupe 2ème rang mondial (après l’Asie du Sud, 1er rang des décès néonatales). Au Mali la proportion est de (122 morts /1000 naissances infantiles, et 60 morts /1000 naissances néonatales) et occupe dernier rang dans la sous-région.
Cette hécatombe préoccupante peut être évitée dans 70% des cas par l’intervention sur les causes, et l’observance des sept piliers de la Maternité Sans Risque. A cela il faut ajouter une meilleure gestion du personnel tant du point de vue de leur employabilité et de leur répartition pour les rendre accessible disponible au terme de formation réévaluée et spécifique, d’investissement structurel, organisationnel et fonctionnel des services de la Sage femme; de politique dynamique et attractive, etc.
Quelques chiffres qui parlent ;
A l’intérieur du pays il y a : 602 sages-femmes soit (1/21.526 habitants)
La moyenne nationale est de : 1.204 sages-femmes soit (1/10.763 habitants)
A Bamako le ratio est de : 316 sages-femmes soit (1/5.478 habitants)
Le Républicain : Que représente pour vous la rencontre de Durban en Afrique du sud ?
Mme Koumaré Diouma Camara : Durban est intéressante et attendue à plusieurs titres. Ce sera le lieu de découverte et de rencontres de l’autre ; de dialogue et d’échanges d’expériences et de valeurs. Le lieu aussi des stratégies identifiées, de modèles unifiés et de politiques communes harmonisées et normalisées dans l’atteinte des objectifs généraux et spécifiques tels que les réformes politiques et législatives attendues des Systèmes de Santé et de population de la mère, de l’enfant et du nouveau-né, pour une prise en charge rapide des Urgences Obstétricales par son extension revitalisée et sa restructuration adéquate en faveur des obligations de réduction de la mortalité maternelle et néonatale à travers les CDE, CDEF, CIPD, SME, MME, PAB, MSR
Aider à atteindre les objectifs de la VISION 2020 et des OMD globaux par la Réaffirmation de l’institutionnalisation d’une Journée de Lutte contre la mortalité maternelle et néonatale et un renforcement des partenariats et des collaborations avec le FNUAP, l’UNESCO, l’OMS… en faveur de l’intégration sous-régionale africaine.
Elle devrait en outre permettre la recherche partenariale de développement de secteurs intéressants, le renforcement des politiques globaux d’intégration africaine, l’identification et la mobilisation de ressources en faveur des structures et politiques globales des populations concernées, etc.
Le Républicain : En collaboration avec le FNUAP, quels impacts pour le Mali d’une telle rencontre ?
Mme Koumaré Diouma Camara : En amont, un renforcement du partenariat et de la collaboration assidue entre le FNUAP et le Mali, un renforcement de nos échanges et expériences partagées, une opportunité de plus de s’enrichir et de renforcer nos capacités d’organisation, de communication-plaidoyer et de décisions : on découvre des hommes, des spécificités et particularismes, des perceptions et pratiques adaptatives et des efforts et difficultés. Enfin une opportunité de rencontres et de mobilisation régionale et internationale en faveur de la politique de Santé de la mère et de l’enfant.
En aval, une redéfinition de notre partenariat conséquemment orienté et efficient et une définition d’objectifs de politique immédiats, à court, moyen et long terme.
Propos recueillis par
S. El Moctar Kounta
Le Républicain 20/06/2011