C’est dans une ferveur juvénile et une conviction d’une Afrique indépendante et unie, partagée par les chefs d’Etat africains, que fut mis sur les fonts baptismaux l’Organisation de l’Unité Africaine, l’O.U.A, le 25 Mai 1963 à Addis-Abeba. Le premier objectif de l’Organisation Panafricaine était non seulement de lutter contre l’Apartheid et la ségrégation raciale, mais aussi et surtout d’aider les autres pays encore sous le joug colonial, à s’affranchir et à s’émanciper. Le second qui était la réalisation de l’Unité Africaine, clopine toujours 54 ans après le premier coup de pioche de l’Institution panafricaine. Que reste-t-il de l’héritage des pères fondateurs de l’O.U.A ? L’Union Africaine, U.A, a-t-elle pu prendre le relais de son ancêtre ?
Pour rappel, l’Organisation de l’Unité Africaine est née de la confrontation d’idées et de vision de deux groupes, celui de Casablanca et de Monrovia. Si l’un était partisan de la ligne dure, celle de la rupture totale avec les puissances impérialistes, le second avait une position plus modérée et ne voulait pas une séparation abrupte. C’est l’empereur Hailé Sélassié qui a concilié les deux positions pour aboutir en 1963 à la création de l’Organisation de l’Unité Africaine.
Que de chemins parcourus, que de défis relevés, mais aussi que d’opportunités gâchées en 54 ans pour réaliser le rêve des pères fondateurs que sont, entre autres, Gamal Abdel Nasser, Modibo Keita, Kwame NKrumah, Ahmed Sékou Touré, Jomo Kenyatta. Ces leaders, comme d’autres, avaient rêvé des Etats Unis d’Afrique pour non seulement dissiper les préjugés défavorables qui faisaient de l’Afrique un continent sous développé et soumis, et des Africains un peuple incapable et immature, ne pouvant compter dans le concert des Nations.
Cinquante-quatre ans après, les fruits n’ont toujours pas tenu la promesse des fleurs. L’Afrique, en dépit de la création de l’Union Africaine, U.A et malgré les immenses richesses et la jeunesse de sa population, reste un continent à la traine et en proie aux conflits armés, aux maladies et au
sous-développement. La libération du joug colonial tant souhaitée est devenue une réalité avec la fin de l’Apartheid et l’élection de Nelson Mandela en 1994.
L’unité se réduit à l’intégration de cinq ensembles sous régionaux que sont la CEDEAO, la CEMAC, l’UMA, la SADC et le COMESA. Ces ensembles connaissent des réussites variables. Mais, le rêve d’une Afrique riche, forte et comptant dans la géopolitique mondiale, demeure dans le meilleur des cas un horizon lointain, sinon fuyant comme un mirage. En attendant que l’intégration économique produise ses effets et conduise à l’unité rêvée par Nkrumah et certains de ses pairs, l’Afrique demeure un continent ballotée entre les puissants du monde, en dépit de ses immenses ressources naturelles et humaines.
En somme, pour être la terre qu’ambitionnaient les pères fondateurs, les Africains doivent méditer cette affirmation de l’ancien président ghanéen Kwame Nkrumah : « Si nous pouvons en Afrique donner l’exemple d’un continent uni et une politique et une résolution commune, nous aurons apporté la paix à laquelle aspirent aujourd’hui tous les hommes et les femmes, la plus belle contribution qui soit en notre possession qui dissipera immédiatement et à jamais l’ombre croissante de destruction globale qui menace l’humanité. »
Youssouf Sissoko
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