La Cité des enfants de Bamako a abrité, le samedi 27 février, la 24ème Assemblée Générale de l’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme, Amnesty International Mali (AI Mali). Présidée par Drissa Fomba, Président de ladite organisation, cette assise a fait un diagnostic sans complaisance de la situation des droits de l’homme, particulièrement de celle du Mali où elle a noté un étouffement de ces droits dans la partie septentrionale du pays, malgré la signature d’un accord pour la paix et la réconciliation entre l’Etat du Mali et certains groupes armés.
Ainsi, pour Amnesty International Mali, 2015 a été à la fois une année de défis et de dur labeur. Pour son président, cette année constitue aussi et incontestablement le début du renouveau d’AI Mali. En effet, à l’instar d’Amnesty International, la structure malienne a fait face à des défis, surtout d’ordre national. Pour Drissa Fomba ces défis ont été caractérisés par l’étouffement des droits humains dans les régions nord du pays où la population continue de payer un lourd tribut lors des descentes des bandits armés et souvent au prix de leur vie.
«Comment ne pas s’indigner des châtiments corporels qu’affligent ces bandits aux paisibles citoyens revenant de foires hebdomadaires ou tout simplement en transit entre Tombouctou et Goundam ? Comment peut-on accepter qu’on ne puisse pas rendre visite à ses parents via cet axe ? Comment ne pas se révolter contre toutes les atrocités dont sont victimes la population civile et militaire de la part des bandits embusqués? Comment être indifférent au sort incertain des enfants qui ne vont plus à l’école, qui n’ont plus où se soigner et qui ont perdu l’habitude de pratiquer leur sport préféré parce qu’il y a peut-être un engin explosif ou une arme pointée sur eux ?» s’est interrogé Drissa Fomba.
Au cours de cette Assemblée, AI Mali a salué certains efforts du gouvernement malien pour faciliter ses visites dans des milieux carcéraux comme au camp de gendarmerie de Bamako pour voir les conditions de détention des élèves officiers arrêtés en 2011, à Manantali pour voir Amadou Haya Sanogo, ou encore à Markala. Tout en invitant les autorités à persévérer dans ces efforts, le président d’AI Mali a plaidé pour « la libération sans délai du journaliste Birama Touré » porté disparu depuis plus d’un mois. De la spéculation foncière, qui devient au jour le jour, une source de préoccupation majeure sur le plan des droits humains, il en a été question au cours de cette assemblée ainsi que le mariage précoce des filles.
Pour Drissa Fomba, la situation des droits de l’homme au plan international rappelle bien rappelle le livre fabuleux de Chinua Achebe : « Fall things Apart » (le Monde S’effondre) avec « la création des apatrides surtout du côté des riches ». Face à cette donne, le président d’AI Mali a plaidé pour une mondialisation qui prend en compte les questions des droits de l’homme. «La mondialisation doit être perceptible dans la possibilité pour toute personne à vivre partout où elle le désire car cela fait partie intégrante des droits humains» a-t-il déclaré.
Signalons que cette rencontre a enregistré la présence de Mme Anne de la section d’Amnesty France.
Yaya Samaké