Si des festivités pouvaient rendre à un Etat sa véritable indépendance, le Mali allait être
cité en exemple parmi les Etats au monde les plus souverains tant sur le plan économique
que militaire. Est-ce le cas aujourd’hui ? Pourrait-on être fier de nous même quand les 2 /3
de notre territoire échappe toujours au contrôle de l’Etat central ?
Le Mali a accédé à la souveraineté le 22 septembre 1960 sous le leadership de Modibo Keita
qui en devint le premier Président. Cette date était tout un symbole, symbole de fierté, de
dignité et de patriotisme. Elle a laissé place à la soumission et à la dépendance de l’ancienne
puissance coloniale qui a signé son retour de la plus belle des manières huit ans seulement
après leur départ. Tout ce que Modibo Keita et ses camarades ont construit et qui faisaient
la fierté du Mali ont été détruits sous le régime militaro fasciste de Moussa Traoré pendant
les vingt-trois ans de règne sans partage du Comité Militaire de Libération Nationale, CMLN
qui s’est mu en parti unique, UDPM. Malgré la révolution de 1991 qui a enfin eu raison de la
dictature et instaurée le multipartisme intégral, l’influence de la France n’a guère diminué.
Alpha Oumar Konaré, le premier Président de l’ère démocratique, n’a pas pu affronter la
France pour rétablir les grands symboles de la souveraineté, comme la monnaie, la défense
et la sécurité et même le système éducatif qui est calqué sur le modèle français. Après Alpha
Oumar Konaré, le Général Amadou Toumani Touré, ATT a pris les rênes du pouvoir à la suite
d’élections libres et transparentes en 2002. Comme AOK, ATT aussi n’a pas fourni
suffisamment d’efforts pour briser le mythe français, comme Sékou Touré et Modibo Keita, il
a suivi la trace d’Alpha sur le plan diplomatique. Le seul haut fait d’arme qu’ATT a posé
contre la France et qui serait même l’une des raisons à la base de la chute de son régime est
son niet pour faire expatrier des centaines de Maliens. Pour ce refus catégorique, l’ancien
ministre de l’intérieur devenu Président de la République Française, Nicolas Sarkozy a juré
de régler le compte d’ATT. Il a non seulement suscité la rébellion avec le MNLA, ensuite
laisser rentrer les combattants Touaregs de l’armée de Kadhafi au Mali. Le régime d’ATT a
été renversé avec la bénédiction de la France. Après une transition de quatorze mois des
élections ont été organisées en 2013 et Ibrahim Boubacar Keita les remporte, sa victoire qui
s’est apparentée à un plébiscite a fait rêver plus d’un malien après plus de cinq décennies de
tâtonnement de colmatage et de saupoudrage. Un an après cette brillante élection
beaucoup de Maliens ont commencé à désenchanter avec la signature de l’accord de
défense avec la France, la malversation dans l’achat des équipements militaires, le
népotisme, la corruption à ciel ouvert. A cette mauvaise gouvernance s’ajoutent l’insécurité
généralisée au nord, au centre et au sud, le manque des perspectives pour les jeunes et une
formation tout sauf futuriste permettant à la nouvelle génération d’être suffisamment
outillée pour les combats de la vie. Le cinquante-huitième anniversaire de l’accession à
l’indépendance couplée à l’investiture pour un second et dernier mandat d’IBK à la tête du
Mali se passe à un moment très crucial de la vie de la Nation. Kidal échappe totalement au
contrôle de l’Etat, Mopti est en proie à un conflit communautaire, le sud est surchauffé par
les manifestations presqu’hebdomadaires de l’Opposition. En lieu et place de cette fête
dispendieuse, il devrait y avoir des prières et des méditations pour la paix, la cohésion et la
stabilité.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com