Le président de la République Ibrahim Boubacar a pris part hier à Ouagadougou, aux festivités commémoratives des 20 ans de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Arrivé sur le coup de 8 heures dans la capitale burkinabè, IBK a été accueilli au bas de la passerelle par le Premier ministre du Faso, Luc Adolph Tiao. Le chef de l’Etat est accompagné d’une forte délégation comprenant notamment le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, et son homologue des Maliens de l’extérieur, Abdramane Sylla.
Dans l’entretien accordé à la presse dans le salon d’honneur de l’aéroport, le chef de l’Etat a dit sa joie d’être au Burkina Faso et son plaisir de prendre part à cette fête de l’UEMOA. Une union, ajoutera-t-il, qui a joué un rôle important dans le domaine de l’intégration ouest-africaine. Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé tous les efforts consentis par l’Union dans divers domaines et dans tous les pays membres. Des efforts notamment pour faire converger les fondamentaux. En réponse à une question d’un confrère sur la reprise des pourparlers inter-maliens à Alger, le chef de l’Etat a d’abord remercié le Burkina Faso et le président Blaise Compaoré pour leurs efforts devant permettre aux frères maliens de se retrouver. « Il n’y a pas d’alternative à la paix », a-t-il souligné.
Ibrahim Boubacar Keïta souhaite que ces pourparlers permettent à notre pays de parvenir à un accord « global, définitif et durable ». Le chef de l’Etat fait observer que si de nos jours, notre pays présente des visages différents, c’est à cause de cette crise qui empêche la progression des régions nord. Le retour de la paix permettra ainsi de relancer les actions de développement sur l’ensemble du territoire national. Il pense qu’Alger II s’ouvre sous de bons auspices. Sa confiance est totale et il émet le vœu que la même disposition habite les frères des mouvements armés.
Sept des huit chefs d’Etat de l’union ont pris part à la cérémonie commémorative de l’UEMOA. Seule la Guinée Bissau était représentée par le président de l’Assemblée nationale. Plusieurs interventions ont marqué la cérémonie. Le premier à prendre la parole, le président de la Commission de l’UEMOA, le Sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré, a d’emblée réaffirmé sa foi en l’intégration sous-régionale et en une union allant toujours plus haut. Saluant le pacte de convergence, il a noté que l’union douanière est en marche et que des politiques et programmes existent dans divers domaines. Il s’est aussi réjoui du fait que la stabilité monétaire est une réalité avec un taux de croissance de 6 à 10 %, même si les échanges intra-communautaires restent relativement faibles (avec moins de 20 %).
UNE REFERENCE SUR LE CONTINENT. Le président du Conseil des ministres a salué les efforts de ceux qui ont contribué à faire de l’UEMOA cette union qui constitue un exemple sur le continent. Le ministre nigérien des Finances a toutefois relevé que l’Union poursuit toujours son objectif final qui est l’intégration sous-régionale, qui est au demeurant un processus. Pour lui, l’union a atteint sa vitesse de croisière. Il attend maintenant la transformation du comité interparlementaire de l’UEMOA en un véritable parlement.
Le président du Faso dont la capitale abrite le siège de l’Union a aussi relevé le caractère exemplaire de l’UEMOA qui est une référence sur le continent. Il souhaite qu’il soit un espace de paix et de stabilité. Blaise Comparé appelle par ailleurs à une synergie d’actions dans la lutte contre la fièvre hémorragique à virus Ebola. Il a affirmé l’engagement de son pays à travailler à l’atteinte des objectifs de l’union.
Le président du Bénin, Thomas Boni Yayi, président de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA a, lui, rendu hommage à la clairvoyance des pères fondateurs de l’union. Il a salué le travail de ces pionniers, des responsables d’institutions qui ont fait que l’UEMOA est aujourd’hui un motif de satisfaction. Ils voulaient un espace communautaire où l’union douanière est une réalité, où l’intégration s’affirme, surtout au regard de la taille des Etats, du manque de concertation des politiques. L’UEMOA est sur cette voie. Le chef de l’Etat béninois souhaite la consolidation des acquis et le relèvement des défis, une pleine application des réformes. Parmi ces défis, il a cité la question de la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services. C’est ainsi que nous serons véritablement dans l’ère de l’union.
UNE UNION DES PEUPLES. L’UEMOA a vocation à être un espace commun, une union des peuples. La question de l’énergie demeure une source de préoccupation. On ne peut pas espérer un développement industriel conséquent sans électricité. Ce qu’il faut, c’est trouver une solution à ce problème sur une base sous régionale, a préconisé Thomas Yayi Boni. Il a invité à mettre l’accent sur les énergies renouvelables, cela avec un « engagement de tous les instants ».
L’agriculture est essentielle en ce qu’elle détermine la sécurité alimentaire et la santé des populations de nos Etats. Si ces secteurs sont importants, il y a un autre qui détermine tous les autres. C’est la question du financement. L’Union a perçu cette importance. D’où l’organisation le 9 septembre dernier d’une conférence sur le financement à Dubaï. Une conférence qui a débouché sur des promesses de financement des actions de l’union à hauteur de 19 milliards de dollars. Les routes, les ports, les aéroports, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont autant de défis auxquels il faut faire face, maintenant que l’union entame sa troisième décennie d’existence, a-t-il estimé.
Le président béninois se préoccupe grandement des questions de formation et d’emploi des jeunes. Il propose de multiplier les centres et instituts de formation scientifiques et technique pour donner à la jeunesse les moyens de jouer leur rôle.
Enfin, Thomas Yayi Boni a appelé à une riposte immédiate contre la fièvre à virus Ebola. A cet effet, les chefs d’Etat présents à Ouagadougou ont rendu public un appel à lutter plus efficacement contre cette affection. Dans cet appel, ils soulignent leur sensibilité face à la situation, expriment leur solidarité aux pays affectés et aux personnes touchées, avant de s’engager aux côtés des populations concernées à verser un montant de 1,5 million de dollars en faveur des pays touchés. Ils ont salué les efforts de la communauté internationale et demandé plus de mobilisation contre la maladie.
Une rencontre des Premiers ministres des pays de l’Union pour appuyer une mise en œuvre des réformes en cours a été également annoncée. Comme on peut le constater la célébration des 20 ans s’est placée sous le signe de la maturité des institutions, de la consolidation des acquis et de la projection sur l’avenir.
Envoyé spécial
A. LAM
Essor.ml 2014-10-21 15:15:51