C’est le Rassemblement pour le Mali qui fut le premier à se démarquer du consensus optant pour l’opposition parlementaire, alors que son président Ibrahim Boubacar Kéita était encore président de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi le pouvoir l’a combattu et affaibli. Avec environ 46 députés à l’Assemblée nationale, le Rpm s’est retrouvé en 2007 avec 11 députés dont seul le président du parti a été réélu, mais avec beaucoup de difficultés face à un ancien indépendant, Moussa Mara. Le Rpm en a tiré la leçon. Malgré tout, l’opposition se renforce avec la création du Front pour la démocratie et la République (Fdr) dont faisaient partie, entre autres, le Rpm, le Parena, Convergence 2007, la Copp. Le président de la République avec le soutien de 43 partis politiques regroupés autour de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (Adp), en signe de défi, lance sa campagne électorale à Nioro du Sahel.
La classe politique est divisée et les propos deviennent discourtois. C’est dans cette ambiance de bras de fer que le chef de l’Etat gagne largement les élections de 2007. Il lance de vastes chantiers politico administratifs, dont le Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) et la révision constitutionnelle. Il est question d’établir un fichier biométrique pour les futures élections de 2012. Le président de la République se rend compte qu’il a de nouveau besoin d’une large adhésion à ses projets après le rejet par les populations du code des personnes et de la famille. Il avance lentement pour se donner le temps d’être dans le bon timing. Le chef de l’Etat se rapproche de nouveau de certains partis politiques, en l’occurrence du Fdr, dont le Rpm et le Parena.
Il déclare ‘’ qu’il veut terminer son mandat comme il l’a commencé. ‘’ Le Parena et le Rpm se retrouvent au gouvernement. Le parti Sadi refuse d’y entrer. Selon une personnalité de la mouvance présidentielle, Att aurait déclaré, à propos, notamment d’Oumar Mariko : ‘’ Je n’arrive jamais à le comprendre.
Chaque fois que je pense que nous allons nous entendre, il me surprend. ‘’ Même si le consensus n’a pas été réalisé, le président se contente d’une large majorité politique qui continue de le soutenir. Pourtant des voix de plus en plus nombreuses (hommes politiques, société civile, syndicats) se soulèvent contre le fichier Race et la révision constitutionnelle. Toutefois, la stratégie Att semble marcher, car, les partis finissent par s’entendre sur un fichier consensuel fiable et le projet de révision constitutionnelle est voté par les députés. Malgré tout, la discorde est créée, car, même les députés ont reconnu que les écoutes leur ont révélé que les populations étaient contre cette révision constitutionnelle.
Concernant le fichier, un groupe de 40 partis politiques a fait une contribution adressée aux autorités. La pomme de discorde continue d’entraver la mise en place de la Ceni. Att tient à finir son mandat comme il l’a commencé. Pourtant, aujourd’hui, il avance droit devant lui, comme un président qui a opté pour le forcing. La période de fin de mandat dont le calcul méticuleux du timing lui a donné un avantage certain : celui de donner l’impression d’avoir en sa possession l’épée de Damoclès qui peut être fatale à tout parti politique qui veut conquérir le pouvoir. Sans même le concours de ses amis du Mouvement citoyen devenus militants du Pdes, qui sont aujourd’hui désorientés, les partis politiques sont mis à égale distance et comme pris en otages, car, contraints d’avancer avec prudence.
En effet, le pouvoir a déjà prouvé qu’il pouvait affaiblir des partis et transformer des majorités en minorités. Il l’a fait avec l’Adéma-pasj et le Rpm. Malheureusement pour Att, c’est ce forcing qui prouve qu’il ne finira pas son mandat comme il l’a commencé. En effet, l’opinion exprime aujourd’hui beaucoup de frustrations, face à un homme qui a changé de stratégie, car il a décidé de fouler au pied le consensus et de mettre la classe politique devant le fait accompli.
Baba Dembélé
Le Républicain 08/08/2011