Initialement attendues du 8 au 12 novembre derniers au Centre international de conférence de Bamako, les assises du 1er Forum Africain de Développement Durable ont dues être reportées suite à un décret pris par le Premier ministre à moins de 72 heures seulement avant la date indiquée. Cette décision du chef du gouvernement fait ainsi suite aux sérieuses divergences intervenues entre la présidente de la Commission d’organisation (l’ancienne ministre de l’alphabétisation, Mme Sidibé Aminata Diallo) et le ministre de l’environnement Tiémogo Sangaré. Ce dernier, faut-il le rappeler, pour des raisons de querelles de personnes, a catégoriquement refusé de signer les invitations pour les gouvernements, et de s’approprier l’évènement afin de garantir sa réussite.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons de sources dignes que ledit forum devrait en principe avoir lieu au mois d’avril prochain. Si notre source ne précise pas la date exacte, tout porte à croire qu’il sera organisé au cours du deuxième trimestre de 2011. Il doit regrouper plus de 450 invités à Bamako autour des questions aussi cruciales que celles liées à l’éducation, à la santé, aux infrastructures, etc.
La présidente de la Commission d’organisation, qui se trouve à Cancun au Mexique (pour la 16ème Conférence des parties de la Convention-cadre des nations Unies sur les changements climatiques) devrait dès son retour entreprendre les discussions avec les partenaires afin de relancer les préparatifs.
Aussi, le Mali est tenu d’organiser ce Forum avant le prochain Sommet sur les enjeux des changements climatiques prévu en juin prochain à Johannesburg (en Afrique du sud). Si à Cancun, l’Afrique est partie sans propositions véritables, Johannesburg devra constituer l’occasion de faire entendre sa voix.
Organisée par le Mali, avec le soutien de l’Union Africaine, le 1er Forum africain de développement durable a pour objectif de promouvoir, comme son nom l’indique, le développement durable du continent dans un contexte de grande fragilité économique liée à la crise mondiale et aux changements climatiques.
L’initiative part du constat que l’Afrique n’est responsable que de 3,8% de l’émission mondiale de gaz à effet de serre. La pauvreté sur le continent, où une grande partie des revenus dépend des ressources naturelles, est ainsi à la fois la première cause et la première conséquence de la détérioration de l’environnement et de l’épuisement de ces ressources.
Par ailleurs la crise mondiale, par ses effets d’éviction, rend de plus en plus difficile l’accès des pays les plus pauvres aux financements de leur développement. C’est en effet face à tous ces enjeux que les plus hautes autorités ont pris la décision de tenir à Bamako le 1er Forum à l’échelle africaine sous l’égide de l’Union africain.
Bref, il s’agissait pour la rencontre de Bamako de promouvoir l’adaptation de l’Afrique aux phénomènes climatiques extrêmes, les programmes et projets de développement dans le souci d’équité intra et intergénérationnelle, les techniques permettant d’accroitre la production agricole, la gestion rationnelle de la ressource en eau, vitale pour assurer la disponibilité alimentaire. Aussi, le forum de Bamako vise à donner un nouvel élan aux mesures appropriées visant l’effort collectif planétaire pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; et enfin les orientations des Etats africains à devenir économes des ressources forestières et à utiliser des énergies propres (le solaire et l’éolien notamment).
Le choix du Mali d’abriter ce grand évènement n’est nullement fortuit, et la place de notre pays au sein de l’organisation panafricaine et le leadership du chef de l’Etat y ont fortement contribué.
Le forum de Bamako constituait en effet la dernière réunion avant le Sommet mondial de Cancun qui se tient en ce moment. Les conclusions des discussions de Bamako devraient recadrer les débats sur la question de la participation de l’Afrique aux changements climatiques, et réaffirmer la position du continent, de poser les vrais débats sur la fragilité et la pauvreté du continent. Malheureusement, avec le report du forum de Bamako, le Mali, à l’instar des autres pays africains, participent à ce Sommet de Cancun sans propositions véritables.
Issa Fakaba SISSOKO
L’ Indicateur Renouveau 03/12/2010