La 10ème réunion statutaire du Conseil de convergence des ministres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue le mardi 14 septembre 2017 à l’hôtel Salam. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances. C’était en présence du président de la Commission de la CEDEAO, Marcel A. de Souza, de plusieurs ministres des Etats membres de l’organisation et des représentants des partenaires techniques et financiers, des organisations sous-régionales, notamment l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Etaient également présents, le président de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), le directeur général de l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest et la directrice générale de l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest ainsi que les représentants des institutions financières et monétaires de l’espace communautaire.
A l’entame des travaux, le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel A. de Souza, a souhaité la bienvenue aux ministres et experts qui participent à la réunion de Bamako.
Il rappellera que cette rencontre se déroule dans un contexte marqué par la relance de l’activité économique mondiale et sous régionale après une année 2016 difficile. «En effet, l’environnement économique international en 2016 a été caractérisé par le recul des cours du pétrole et les incertitudes sur les impacts du retrait du Royaume Uni de l’Union européenne, décidé le 23 juin 2016. Dans ce contexte, le taux de croissance réel du PIB de la CEDEAO s’est établi à 0,2% en 2016 contre une progression de 3,3% en 2015 et 6,1% en 2014. Cet important ralentissement de l’activité de la région ouest africaine est principalement en rapport avec la forte baisse du taux de croissance (-1,5%) du PIB réel du Nigéria, première économique de la région», a-t-il exposé.
Selon Marcel A. de Souza, cette reprise économique s’explique surtout par les efforts entrepris par les autorités du Nigeria qui ont permis d’endiguer les efforts pervers de la récession et d’amorcer la relance de l’économie nigériane, les perspectives économiques de la CEDEAO en 2017 connaitront une légère embellie avec un taux de croissance attendu qui se situerait à 2,2%. «Le rapport du comité technique chargé des politiques macroéconomiques soumis à votre haute attention met en exergue un certain nombre de préoccupations qui nécessitent la prise de dispositions idoines par le conseil de convergence des ministres. D’ores et déjà, la Commission de la CEDEAO voudrait vous réaffirmer son entière disponibilité à œuvrer, en étroite collaboration avec les institutions régionales impliquées dans la mise en œuvre du Programme de coopération monétaire de la CEDEAO, afin d’assurer un succès au processus d’intégration régionale», a-t-il indiqué.
Il faut rappeler que l’un des paris pour les quinze pays membres de la CEDEAO était la création d’une monnaie unique d’ici à 2020. Cette date butoir avait soulevé beaucoup d’espoir du côté des populations. Ces dernières années, c’était même devenu une fierté pour nombre de nos compatriotes qui voyaient dans la future monnaie unique une monnaie beaucoup plus stable et plus crédible que les monnaies actuellement en vigueur et aussi le moyen de sortir du F CFA. Maintes fois reporté depuis 2009, l’objectif semble désormais hors de portée. La faute à une conjoncture économique compliquée pour plusieurs pays de la zone, notamment le Nigeria, le Ghana et même la Côte d’Ivoire.
Pour le Président de la Commission de la CEDEAO, l’échéance 2020 se rapproche, cependant les conditions de la création d’une monnaie unique ne semblent toujours pas réunies. Et un nouveau report tombe au plus mauvais moment, alors que le continent est en plein débat sur l’avenir du franc CFA. D’où la nécessité, selon lui, de définir des actions urgentes à mettre en œuvre pour l’atteinte de cet objectif majeur.
UN TOURNANT DECISIF. Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Economie et des Finances, a, au nom du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, salué le choix porté sur notre pays pour abriter cette 10ème réunion du conseil de convergence de la CEDEAO au niveau des ministres. Dr. Boubou Cissé notera que cette session constitue surtout un tournant décisif pour notre institution commune de se donner une nouvelle impulsion pour l’atteinte des objectifs fixés. «A cet effet, je voudrais solennellement vous rassurer de notre volonté commune d’œuvrer à cela, afin d’entrevoir le futur avec de réels motifs d’espoir», a-t-il indiqué.
La présente session, a souligné le ministre Cissé, se penchera sur plusieurs dossiers importants, notamment le rapport des travaux des experts, le rapport de convergence de la CEDEAO au titre de l’année 2016, le programme de coopération monétaire de la CEDEAO, l’état de mise en œuvre des activités de la feuille de route ainsi que l’état de mise en œuvre du Programme communautaire de développement (PCD).
«Ils nous revient de donner les orientations nécessaires et les moyens appropriés afin de permettre l’exécution des programmes et chantiers ouverts pour le développement harmonieux de nos Etats dans un espace mieux intégré et plus pacifique. Nous devons examiner avec la plus grande rigueur les différentes recommandations qui nous seront proposées et de les adopter si elles se révèlent pertinentes pour la réalisation de l’objectif commun, à savoir une CEDEAO plus prospère, plus pacifiée et où chaque citoyen pourra librement s’y mouvoir», a déclaré Dr Boubou Cissé.
Cependant, a-t-il dit, la problématique de la stabilité macroéconomique et la création de la monnaie unique seront au centre de tous les débats. «Les objectifs de croissance et de stabilité fixés depuis plusieurs années restent non atteints à cause parfois des chocs exogènes que subissent nos économies, aggravés par une crise sécuritaire aux multiples facettes. Cet état de fait met à dures épreuves nos finances publiques avec de moins en moins de ressources affectées à l’exécution des grands travaux nécessaires pour la croissance, le développement et la lutte contre la pauvreté. En outre, le niveau d’endettement de nos Etats et la soutenabilité de nos dépenses de développement restent jusque-là de réelles préoccupation», a t-il relevé.
Concernant la création de la monnaie unique, le ministre de l’Economie et des Finances a salué la Task force présidentielle mise en place et qui est chargée d’appuyer les chefs d’Etat désignés par leurs paires pour superviser le processus de création de la monnaie unique de la CEDEAO. «Nous nous devons d’accompagner cette Task force par le suivi rigoureux de la mise en œuvre des activités de la feuille de route. Nous sommes confiants de la coordination plus accrue de la CEDEAO, avec l’appui des banques centrales de la région et des institutions financières régionales en vue d’accélérer le processus de création de la monnaie unique», a conclu Dr Boubou Cissé.
Mamadou DOLO
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