L’échec aux dernières élections présidentielles et législatives de 2007, les hésitations entre majorité et opposition, et le manque de moyens financiers, ont entraîné une certaine démobilisation dans les rangs du parti. Ces faits confirment la thèse que le parti et son leader Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) doivent absolument réagir, au risque de subir une nouvelle défaite dans la bataille pour la présidentielle de 2012.
Dresser le bilan du RPM au cours des 10 dernières années, c’est schématiser une marche à reculons. Cela au regard de la chute que le parti a connue.
En effet, un an après sa création, surviennent les élections générales de 2002. Le score est assez honorable pour ce parti, dont le porte-étendard, Ibrahim Boubacar Keïta se hisse au troisième rang des 23 candidats en lice, derrière l’actuel président ATT et le candidat de l’Adéma, Soumaïla Cissé. Aux législatives qui suivent, le parti d’IBK confirme sa position de 2ème force politique après l’Adéma/PASJ. Car sur les 147 sièges à l’Assemblée nationale, le RPM s’en sort avec 46 députés, et son président est logiquement élu président de l’Assemblée nationale. Ce score valide pour certains la thèse que les résultats annoncés pour la présidentielle ne reflétaient pas le score réel d’IBK au premier tour…
Mais la suprématie n’aura duré que cinq ans, et IBK et son parti doivent faire face à la dure réalité de la démobilisation des troupes. D’abord aux présidentielles, les observateurs du jeu politique malien ont eu raison d’annoncer la défaite d’IBK face au président sortant ATT, soutenu par l’ensemble de la classe politique. Le verdict des urnes a confirmé l’analyse. Arrivé en 2e position, le porte-étendard du « parti du Tisserand » ne recueille que 17%, contre plus de 71% pour ATT. Pour lui, il s’agit d’ « un résultat qui reflète une mascarade électorale visant à lui barrer la route de Koulouba ». Vrai ou pas, IBK aura au moins eu le courage d’affronter le suffrage universel, contrairement à certains de ses concurrents pour 2012.
Mais ce courage vaudra au RPM un tir de barrage aux élections législatives qui suivent. Il devient le parti à abattre, celui contre qui tout le monde se ligue. Les résultats des élections législatives de juillet et d’août 2007 sonnent donc comme une descente aux enfers du RPM, accentuée par le manque de moyens financiers. De 46 députés, le parti chute à 13. Et la courte victoire d’IBK sur Moussa Mara en Commune IV, ne donne que 500 voix de différence en est tout un symbole. Citons aussi les communales 2009 où le parti obtient 773 conseillers contre 1590 en 2004, un chiffre divisé par 2 qui atteste de la perte d’influence du parti, malgré qu’il se maintienne en 3ème position.
Défections dans les rangs du parti
Rarement on aura entendu d’adhésions en grandes pompes au RPM, alors que les démissions en cascade ont occupé la une des journaux. Les nombreuses défections ces dernières années ont porté un coup dur à la formation politique. Parmi ces cas de démissions d’élus et de hauts cadres du parti vers d’autres partis, on citera entre autres celle du Pr. Issa N’Diaye (ancien secrétaire politique du parti), du député de Sikasso Housseyni Guindo, du grand frère de ce dernier Ousmane Amion Guindo (ancien PDG de la CMDT ), la démission en bloc d’anciens responsables de la section de Kita vers l’URD (dont l’actuel maire de la commune Sory Ibrahim Dabo), l’ex-conseiller en Commune IV Amadou Touré dit « Serpent », de l’ancienne ministre de la santé, Mme Maïga Zénaib Mint Youba, et de son mari Yéhia Maïga (ancien député et actuel 1er adjoint au maire du District), etc. A cette longue liste, est venue s’ajouter (en 2008) la démission spectaculaire vers l’ADEMA de l’ex-députée de Gao, ancienne 4ème vice-présidente de l’ancien bureau de l’Hémicycle. C’est donc dans ce contexte d’extrême fragilité que le RPM célèbre, ce 30 juin le 10ème anniversaire de sa création. Il n’y pas de doute, le bilan du RPM est loin d’être une marche en avant !
IBK pourtant populaire dans les grandes villes
Malgré tout, Ibrahim Boubacar Keita, reste l’un des hommes politiques les plus populaires du Mali, c’est tout le paradoxe. Les maliens gardent en mémoire la manière dont il a géré, par la manière forte la crise scolaire des années 1990, rétabli l’ordre dans le pays, et peut être même sauvé le régime d’Alpha Oumar Konaré, menacé de toute part. On lui reconnait un sens de l’Etat, et une autorité naturelle qui le rendent capable, selon ses partisans, « de redresser un Mali en pleine crise morale ». De plus, victime de trahison au sein de l’Adema en 2000, il a attiré la sympathie de nombreux de ses concitoyens, jusqu’à l’élection de 2002, dont beaucoup prétendent que les résultats ne reflétaient pas la réalité du vote…
Charismatique, doté d’un réseau international hors pair, IBK pourra t’il rebondir? Les récents sondages effectués par des instituts indépendants à Bamako le disent en tête du premier tour, et vainqueur du second dans tous les cas de figure. L’homme cultive le mystère, voyage beaucoup, travaille ses dossiers, et se prépare pour ce qui sera sans doute son dernier combat.
Un RPM requinqué à l’occasion du prochain Congrès, prévu le 23 juillet 2011, ne sera pas de trop pour aider IBK, qui jouera sans doute la carte du « candidat du peuple », et non d’un parti.
Abdoulaye Diakité et Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Renouveau 01/07/2011