Partant des propositions faites par l’expertise – et à la suite desquelles s’est peu à peu estompée la polémique et la déchirure au sein de a classe politique malienne -, la DGE envisage d’assurer l’identification correcte des électeurs par une kyrielle de balises aussi sécurisantes les unes que les autres. Parmi les mesures préconisées figure, par exemple, une recodification du système de localisation et de repérage des électeurs avec à la clé un bouleversement conséquent dans la structure actuelle des bases de données, le format des tableaux rectificatifs ainsi que des listes électorales en vigueur.
La mesure inclut par ailleurs un système de traçabilité extensible jusqu’aux cahiers de recensement au support sécurisé par des numéros de bordereaux. Ce n’est pas tout. Avec la suppression des votes par procuration et par témoignage, la nouvelle alternative d’identification impose la mise à la disposition des autorités de trois (3) millions de cartes d’identité qui pourraient être gratuitement distribués.
C’est avec la même démarche rigoureuse que la Délégation Générale aux Elections envisage de résoudre l’équation du rapprochement des électeurs de leurs lieux de vote. Le nouveau mécanisme d’affectation des bureaux, lequel reposera essentiellement sur la préférence de l’électeur, va non seulement consacrer l’avènement des listes électorales par campement (au lieu de fraction) et de leur codification, mais s’accompagnera également d’une vaste campagne de sensibilisation des électeurs pour le choix du lieu d’expression de leur suffrage.
En vertu des recommandations des experts, les mesures d’amélioration du fichier issu du RACE comprennent par ailleurs la radiation des listes électorales de tous les titulaires de cartes non retirées depuis 2009 et susceptibles d’utilisation frauduleuse. Plus de deux (2) millions d’inscrits sont concernés dont la radiation n’interviendra qu’après publication puis affichage temporaire des listes afférentes pour vérification par les électeurs. En vue de lui donner une teneur légale, la mesure de radiation d’électeurs sera soutenue par un certain nombre de dispositions à intégrer à la nouvelle loi électorale en cours d’élaboration, dans la perspective notamment des élections générales de 2012.
Dans la même veine, les recommandations des experts, en termes de bonne gestion des élections, se traduiront également par une relecture du décret portant modalités de gestion du fichier électoral au Mali. Elle consacrera une extension des attributs de la Délégations Générale aux Elections en vue de lui donner plus de prérogatives dans le processus de correction des anomalies fichier, en dehors de la période de révision des listes électorales.
Lesquelles prérogatives se limiteront à la détection et au traitement des doubles inscriptions et doublons en tous genres (similarités de numéros d’indentification, de filiations et de dates de naissance, etc.), mais sans préjudice de des opérations traditionnelles de détection des cas décès et de changements de résidence, qui feront l’objet de révision spéciale en prélude aux consultations de 2012.
– Quid du prix à payer pour un fichier fiable ?
L’élaboration d’un Fichier Electoral Consensuel requiert un coût dont l’évaluation n’a pas échappé à l’administration en charge des élections. En effet, le renforcement de la capacité des structures et acteurs impliqués dans la révision des listes en l’occurrence – une des recommandations des experts – implique une kyrielle de dispositions se rapportant aux ressources humaines et financières, aux matériels et logistique, à la formation d’agents, etc.
Si l’ensemble des dispositions était prise, le prix à payer pour un fichier fiable est estimé à dix (10) milliards F.CFA essentiellement imputable au nouveau système d’identification des électeurs tel qu’exigé par la classe politique et recommandé par les experts. Ainsi la confection et la délivrance gratuite de cartes d’identité jusqu’à concurrence de trois (3) millions d’électeurs coûteront au trésor public près du tiers du montant, soit la bagatelle de six (6) milliards F CFA.
Arrivent ensuite, par ordre d’importance, le matériel et la logistique nécessaires aux opérations de révision qui s’élèveront à près de deux milliards, tandis que la formation des agents devrait engloutir près d’1,2 milliards F CFA. Quant au coût du logiciel adapté aux besoins il est évalué à 300 millions F CFA, tandis que l’innovation consistant à rendre le fichier consultable sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication ne pourra être effective qu’avec 50 millions pour le net et 75 millions F CFA par SMS.
Comme on le voit, le trésor public n’a manifestement pas fini de payer le lourd tribut pour les élections de 2012. Après avoir déjà englouti près de la trentaine de milliards pour le RAVEC sans résultat, elles pourraient davantage l’affecter par des factures plus salées imputables à la confection des cartes d’électeurs et de bulletins de vote, à l’achat du matériel électoral (urnes, isoloirs, entre autres) et de centralisation des résultats, etc. C’est à cette saignée que le Mali doit sa célébrité de pays démocratique.
Par N’Tji Diarra
Aurore 28/07/2011